La première reliure d'Elisabeth
Elisabeth n'est des nôtres que depuis guère plus d'un an, ce qui est très court pour maitriser tant soit peu cette activité.
Le petit ouvrage qu'elle nous propose: Sainte Marguerite de Cortone de Fançois Mauriac, représente en soi un exercice complet de reliure. Couture des cahiers, endossure, couvrure en toile et déjà un petit projet de décor sur les plats; les bases de notre activité sont en place.
Les motifs ménagés dans la toile de couvrure composent deux fleurs stylisées; en fait identiques, en relief au premier plat, puis son négatif en creux au second plat.
Avec des gardes-couleurs en semis de fleurettes, le printemps nous sourit, on ne s'en plaindra pas.
Le résultat donne une reliure sobre, mais de bon goût; un bon début à confirmer.
La boite de Maryse
Maryse possédait ce petit ouvrage curieux au titre certainement affriolant : « Décret du 23 Octobre 1883 portant règlement sur le service dans les places de guerre et les villes de garnison » (ouf !), daté de 1888. L’ouvrage de très petit format (en cm 14 x 9 x 1,5 ) lui tenant à cœur pour des raisons familiales, elle souhaitait en assurer la conservation.
Il n’y a pas lieu de s’étendre sur le contenu de l’ouvrage ; un règlement est un règlement, même si l’on peut sourire aux « devoirs de la sentinelle »
: « Lorsqu’une sentinelle aperçoit un incendie, elle crie « au feu »,… lorsqu’un individu est poursuivi par la clameur publique, elle crie « à la garde. Ces cris sont répétés de sentinelle en sentinelle jusqu’au corps de garde. Le chef de poste envoie le sergent ou un caporal avec plusieurs soldats… Il se conforme aux prescriptions des articles 66, 67, et 68 ». Ne peut-on craindre (ndlr) que la place soit carbonisée, l’individu lynché avant l’article 68 ; ce n’est qu’une question.
Enfin le problème de Maryse était le suivant : comment conserver un si petit livre en bibliothèque sans qu’il finisse écrasé par ses voisins ? Après discussion collective, il a été décidé de le loger dans une petite boite en forme de livre, ce qui lui donnerait suffisamment de présence dans les rayonnages de sa bibliothèque.
Des solutions à ce problème de boite-livre existent dans la littérature, par exemple sous la forme de deux boites emboitées complétées d’un dos semi-rond « usiné » dans du carton, le tout finalement habillé comme un livre ordinaire (en somme une troisième boite).
Eu égard à la légèreté du livre, une solution plus « économe » a été proposée et développée conjointement par Maryse et Camille. On notera cependant qu’un assez grand nombre d’essais a été nécessaire pour aboutir à un résultat jugé satisfaisant.
Les détails techniques de la construction ne seront pas rapportés ici.
Pour en savoir plus, on pourra consulter l'article du 5 Février 2025 :
"Une petite boite pour un petit livre" dans le blog
"www.restauration-livres-camille.blogspot.fr" à ce sujet.
Les photos ci-contre à gauche montrent la boite fermée, à l'aspect d'un livre ordinaire sous couvrure toilée.
Les photos ci-contre à droite montrent la boite ouverte, le livre étant en place à l'intérieur.
Schématiquement, le montage consiste en deux fausses boites qui s'emboitent naturellement l'une dans l'autre à la fermeture.
Les fonds et les cloisons sont coupés dans un carton "de calendrier", ce qui donne au final une construction assez légère mais suffisante.
Nos relieurs ont traité dans le temps plusieurs livres sur Draveil, ainsi 3 ouvrages sur notre ville ont été présentés dans ce blog, rassemblés dans un article de Juillet 2016. Ici, c'est un autre document que nous propose Gilbert: "Draveil, Un ancien raconte", signé précisément par un vrai ancien de la ville: Pierre Royer.
Un cliquant sur la photo ci-contre, on pourra revoir la photo du chêne d'Antin, maintenant disparu, qui fut longtemps un véritable emblème pour la ville.De fait, Pierre Royer a habité longtemps les quartiers de Champrosay, puis Mainville, du début du XXème jusqu'en 1921, quartiers qui à cette époque étaient des villages distincts de Draveil.
On comprendra ainsi que l'auteur nous parle plus de ces villages que de la ville elle-même.
Champrosay abrita une véritable vie culturelle, avec les nombreux artistes qui s'y rencontrèrent. On citera d'abord ceux qui y ont vécu: Daudet, Nadar, Delacroix, mais aussi toutes les personnalités qui y sont passées: Flaubert, Pierre Loti, Renoir, Manet, Cézanne, Coppée, Henri Rochefort, Drumond, Marie Laurencin...
Au delà le livre fourmille d'anecdotes sur la ville et les villages; qui ne faisaient pas forcément bon ménage; ainsi disaient les habitants de Mainville "qu’ils ont tenu parfois tout Draveil au bout de leurs fourches".
Autre anecdote qui parlera aux Lieurs de Sénart : " on extrayait le meulière en creusant le sol, meulière destinée à la construction à Draveil, mais qui servit aussi à la construction du métro d’Austerlitz à Gare d’Orsay. Ces trous ont donné le nom à... la "rue des creuses".
C'est sous une reliure très soignée que Gilbert nous propose cet ouvrage
On y retrouve au premier plat le blason de la ville, avec le chêne d'Antin prenant ses racines dans la Seine, d'où la devise de la ville "Inter undas et arbores" (entre eaux et forêts).
Le second plat présente, en mosaïque de cuir, une autre image emblématique de la ville, avec un fleuve stylisé (la Seine, bien sûr) embrassant une grand arbre (le chêne, sans aucun doute).
Avec 4 nerfs en disposition quelque peu fantaisiste, Gilbert montre une bonne maitrise des bases de la reliure, tendance que l'on ne peut qu'encourager.
Mais où sont les chèvres ?
L'ouvrage qui nous est proposé par Edmond ": Le chemin des chèvres" est signé d'Henri Pourrat, infatigable conteur de son pays natal; l'Auvergne, nostalgique ardent du monde terrien, de la vie rurale et villageoise.Le présent ouvrage se présente comme un errement désordonné parmi les collines et les villages d’Auvergne, mais où tout est prétexte à une réflexion désabusée sur les comportements des hommes. Henri Pourrat nous promène ainsi à travers sa vision mi-conciliante, mi-critique, de ses semblables.
Dans son imaginaire, le paysan devrait rester le pilier solide et pondéré d’une humanité bien (trop) agitée. La phrase suivante résume sa pensée en forme de leçon de sagesse : "je crois que l’ingénieur descend tout droit du laboureur, que l’industriel ne se passera pas de l’alliance avec la terre, …ainsi pourront se réconcilier les hommes.
Mais dans cette histoire, où sont donc les chèvres ? Et bien, elles n’apparaissent qu’aux deux dernières pages du livre ; frugales, peu exigeantes, elles vivent de ce que leur donne la montagne… une leçon pour les hommes ?
Pour illustrer cet ouvrage, Edmond poursuit avec ses techniques déjà éprouvées, mais qu'il améliore inlassablement: mosaïque de bois dans le cas présent, dorure des titres en direct sur les dos (ndlr progression très nette sur ce plan), tranchefiles en bandes alternées, gardes-couleurs "à la cuve" fabriquées "maison".
Outre l'ancienneté,
l'assiduité et la persévérance sont bien les clés de la réussite.