Qui sommes nous ?



*************** QUI SOMMES NOUS ?
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Nous sommes une association d'amateurs qui pratiquons la reliure pour notre propre plaisir. Notre local se situe à Draveil, au Village des Associations, 42, rue du Bout des Creuses.
Notre atelier est ouvert les Samedi matin (9h-12h) et après-midi (14h-17h), le Mardi matin et le Jeudi matin, et cela toute l'année.
Nous recevrons avec plaisir toute personne intéressée par la mise en valeur ou la sauvegarde des livres, pour connaître notre travail, nous voir à l'ouvrage, poser des questions, éventuellement s'inscrire à notre atelier, pourquoi pas ? ... cela à tout moment de l'année.
Donc à bientôt.........


Un mot du rédacteur en chef Camille
Ce blog est le blog de tous les Lieurs. Chacun peut y intervenir librement, insérer du texte, des photos,... Il n'y a pas de censure. Certes, on le constatera; la signature est le plus souvent celle de Camille...timidité ? réticence devant l'ordinateur ? Allez savoir ! Peu importe; qui a choisi le rôle de rédacteur se doit de l'assumer !
Mais là n'est pas mon propos. Rédacteur, certes, mais pas formateur. Dans mes articles, je présenterai des travaux d'adhérents. Je n'ai pas qualité pour les juger. Le choix des œuvres présentées ne résulte que de la bonne volonté des adhérents de me les confier pour les photos. Les remarques que j'y ferai ne reflètent que l'impression d'un quidam qui, certes, aime les beaux livres, mais sans compétence particulière sur le sujet de la reliure. Je me donne la position d'un journaliste, aucunement celle d'un spécialiste. Je tenais à préciser ce point, afin qu'il n'y ait pas de malentendu.




vendredi 22 février 2019

Les livre-objets de Michèle

Michèle nous apporte aujourd'hui une piste intéressante pour la reliure, celle du "livre-objet", lorsqu'un livre est présenté sous la forme d'un objet plus ou moins associé à l'esprit du livre.
Dans cette optique, on retrouvera avec intérêt l'article du 10 Janvier 2017 dans ce blog, intitulé "Il y a 32 ans...", dans lequel Michèle présentait l'ouvrage "Les dossiers extraordinaires" de Pierre Bellemarre, sous la forme d'un classeur à sangles, à l'image d'un dossier courant de bureau.

Aujourd'hui, ce sont deux nouveaux livre-objets qui nous sont offerts.

Le premier est un livre-photos consacré à Serge Gainsbourg, notre célèbre poète-chanteur-compositeur, tantôt tendre, tantôt provocateur, timide puis hâbleur, homme de tous les contraires, celui qu'on ne pouvait qu'adorer ou détester, mais qui ne pouvait laisser indifférent.

Michèle offre à Gainsbourg ce beau coffret bleu, construit à l'image d'un paquet de "gitanes". Qui ne se souvient de l'homme à l'éternelle "clope" au bec, expirant la fumée avec ce sourire ambigu, moqueur ou désabusé, qui collait si bien à son image.

Le coffret est habillé d'un skivertex à gros grain, et doublé intérieurement d'une chemise en carton blanc.


 La silhouette en skivertex noir est simplement collée.  Le titre et la volute de fumée sont obtenus par modelage à l'émalène de formes en carton préalablement collées avant la pose du skivertex de couverture.



Le deuxième "objet" n'est pas un livre, mais un couvre-livre (ci-contre), devant faire l'objet d'un cadeau de Michèle à sa fille.

D'évidence, on aura reconnu un "mug", cette tasse haute qui sert généralement à consommer des boissons chaudes: thé, infusions, chocolats...







Les deux volets du couvre-livre sont coupés dans un skivertex noir façon "lézard", les retours du même matériau étant simplement collés aux bords, de façon à former les pochettes de rentrée du livre. L'intérieur est doublé d'un tissu moiré.
Le couvre-livre est muni d'un signet qui porte la dédicace.

 Pour conclure, voilà deux réalisations techniquement simples, assez sobres, voire minimalistes, mais suffisantes. L'originalité des projets, la perfection de réalisation, c'est la vraie élégance du relieur.

Reportage Camille

dimanche 10 février 2019

Deux nouvelles mosaïques de cuir

La mosaïque de cuir est une pratique ancienne en reliure; on se souviendra des magnifiques travaux de Marius Michel (fin XIXème), et bien d'autres... Plus modestement, quelques uns d'entre nous s'y essaient à l'atelier des Lieurs. Les résultats ne sont pas toujours sans défauts, mais n'apprend on pas de ses erreurs ?  Alors si l'on a fait beaucoup d'erreurs, au moins aura-t-on beaucoup appris !

Au point de vue technique, un article sur le sujet y a déjà été consacré dans ce blog sous le titre "Une technique pour la mosaïque de cuir", à la date du 14 Juin 2017. Il s'agissait alors de mosaïque de type cloisonné-bombé, donnant au final un aspect de vitrail. Sous ces lignes, on trouvera plutôt de la mosaïque d'assemblage; soit  d'assemblage plan, soit d'assemblage en relief.

De ce premier ouvrage: "La Chartreuse de Parme", de Stendhal, il est inutile de le présenter tant il est connu: aventures d'un jeune noble dans la tourmente napoléonienne, destin qui le fera prélat puis lui fera rencontrer l'amour... en prison.

Pour cet ouvrage, Camille propose une technique personnelle qu'il a mise au point dans d'autres circonstances. Comme souvent, le principe en est simple; on peut le résumer ainsi: pour réaliser un assemblage parfait de deux pièces de cuir, il suffit de superposer les peaux, puis de couper le motif désiré dans cet ensemble. La pratique demande évidemment quelques précautions particulières.  On trouvera de plus amples informations sur cette technique dans les articles "Une technique de mosaïque de cuir" et "Un essai de mosaïque de cuir" dans le blog "www.restauration-livres-camille.blogspot.fr".

 Le travail de mosaïque proprement dit est concentré sur le premier plat, et porte sur 3 couleurs, celles des personnages rouge et bleu, et celle du fond ocre.
La technique proposée permet d'avoir des pièces de niveau parfaitement jointives, en une coupe unique.
  Le "panneau" ainsi construit est inséré dans un fond général marron par l'intermédiaire de 2 listels rouge et bleu. Le 2ème plat est coordonné au premier, toutefois sans le motif central.

Le dos est garni de 2 nerfs obliques qui délimitent une place pour le titre,  doré par le relieur sur un assemblage de peaux rouge-bleu. Les pages de garde sont d'un papier à la cuve commercial.

De son côté, Pierre T. nous propose un travail de mosaïque-relief portant sur l'ouvrage 'Colas  Breugnon" de Romain Rolland; tableau réjouissant du monde rural bourguignon, comme une évasion rafraîchissante alors que sévit au dehors la guerre de 1914-1918.


Le premier plat est particulièrement ouvragé, avec la représentation d'une grappe de raisin toute en assemblage de pièces de cuir. Chaque grain est modelé indépendamment sur une forme en carton recouverte de cuir sous pression à l'émalène, puis collé sur le fond de cuir "crème". Le panneau est alors monté au centre de la couverture pleine peau verte, et bordé par un listel.

Le 2ème plat relève d'une technique déjà présentée (voir l'article "Pierre et Edmond carrément sur la paille" du 9 Janvier 2019 dans ce blog), qui est celle de la mosaïque de paille, produisant un effet très lumineux.

L'ouvrage est protégé par un étui, habillé d'un papier à la cuve identique à celui des pages de garde.




samedi 9 février 2019

Le Cubisme au Centre Pompidou

 Reportage Camille

Nos amis de l'A.A.P. nous invitaient ce 8 Février à une exposition consacrée au Cubisme au Centre Pompidou. A nouveau seul relieur, je maintiens quand même dans ce blog une petite présentation de ces évènements; l'accès à ces expositions est une richesse pour notre atelier, qu'il ne faut pas perdre, en attendant qu'elle profite plus largement à une nouvelle jeunesse dans nos rangs.

N'ayant pas une grande appétence pour le sujet de l'exposition : le cubisme,  la tâche du résumé ne me sera pas facile; aussi serai-je assez bref pour les commentaires, en me limitant à un choix TRES personnel parmi les nombreuses œuvres présentées.

D'abord inspirés par les œuvres de Gauguin, Cézanne, et peut-être plus encore par les sculptures des peuples primitifs, ce sont essentiellement Picasso et Georges Braque qui vont initier le phénomène dans les années 1906 à 1908.
  "Les Demoiselles d'Avignon" ainsi qu'un "autoportrait" peints en 1907 par Picasso, puis "Le viaduc à l'Estaque" en 1908 par Georges Braque" (ci-contre), esquissent déjà cette tentative de décomposition des formes, tout en restant encore décryptables. C'est de cette dernière toile qui décompose le paysage en un assemblage de cubes que naître le terme de "cubisme" 
  Dans les années 1909-1910, ces deux peintres vont évoluer conjointement dans une recherche exacerbée d'éclatement de la forme, pour une peinture de plus en plus hermétique, toutefois sans franchir, pour l'instant, le stade de l'abstraction.






 Le portrait ci-dessus de "Fernande Olivier" (1909), la compagne de Picasso à cet instant, est une étape de ce cheminement.

 C'est à partir des "Salons des Indépendants" de 1911 et 1912 que le mouvement va véritablement sortir de l'ombre, non sans quelque parfum de scandale, avec de nouveaux adeptes, tels (ci-dessus), Jean Metzinger: "Femme au cheval" (1912),  Robert Delaunay: "La Ville de Paris" (1912) et bien d'autres...

Cette obsession de la décomposition des formes va déboucher rapidement vers une plus grande diversification, plus libre dans la composition mais plus lisible pour le spectateur. Ci-contre, les travaux de Chagall: "A la Russie, aux ânes et aux autres" (1911), d'Auguste Herbin: "Les 3 arbres" (1911), de Fernand Léger,...témoignent de cette évolution.

 Plus tard, et dans une autre optique, certains vont privilégier le travail sur la couleur tout en perfectionnant l'éclatement des formes. Les oeuvres ci-contre de Francis Picabia: "Udnie" (1913), Juan Gris: "Nature morte sur une chaise (1917), concrétisent cette tendance.



 La guerre ne sera pas absente de la peinture cubiste, comme en témoignent ces carnets d'André Mare, mobilisé en 1914, réalisés dans le cadre de ses missions (ci-contre).

La décomposition des formes propre au cubisme dit "analytique", persistera dans la peinture - ci-contre, "Les joueurs de football", d'Albert Gleizes (1913) - mais aussi dans la sculpture - "Marin à la guitare" de Jacques Lipchitz (1917) - pour déboucher vers les années 1920 sur les mouvements Dada, le surréalisme et l'Art Déco.

mardi 5 février 2019

De fer et de velours...

On ne le dira jamais assez, la reliure de création est un monde de liberté qui autorise toutes les fantaisies, toutes les techniques, tous les matériaux, à la seule condition que le livre ainsi relié... ...puisse être lu.

Les deux exemples ci-dessous illustrent ce principe, en mettant en œuvre deux matériaux aux qualités antagonistes: la dureté du fer et le velouté d'une doublure de peau.

 Sur ce roman d'Emmanuel Roblès "Cela s'appelle l'aurore", histoire d'un médecin partagé entre deux femmes, et dont la vie va basculer suite à un drame familial, Raymond réalise sa première reliure non conventionnelle.

 Raymond choisit ainsi d'habiller l'ouvrage avec de la doublure de peau, dont le touché velouté apporte au lecteur un certain agrément.


Une partie importante du travail réside dans la réalisation du titre au dos de l'ouvrage, en lettres relief découpées individuellement dans du carton, puis habillées de cuir sous pression à l'émalène.

 Le choix décoratif reste modeste, mais a suffi à notre ami pour appréhender quelques unes des difficultés de la reliure hors-standard: maniement d'un matériau inhabituel (la doublure de peau, en l’occurrence très sensible aux tâches), le modelage à l'émalène, etc...



  L'ouvrage ci-contre "Le pitre ne rit pas", de David Rousset, traité par Christine, est d'une toute autre nature. Ce petit volume rassemble quelques anecdotes "glaçantes", histoires documentées de délation au détriment de familles juives pendant la dernière guerre.

L'habillage d'un ouvrage sur un thème aussi particulier représentait une espèce de défi, que notre amie a su relever en mélangeant deux techniques dont elle a la pratique: la sculpture du fer et la reliure sur ruban.
 Ainsi, à la base, l'ouvrage est monté sur rubans, mais des rubans de peau rouge qui se prolongent sur la couverture, elle-même couverte d'un velours gris en doublure de peau.

La plus grande originalité du travail réside dans le doublage des plats par deux plaques en dentelles de fer réalisées par Christine, par découpage d'une tôle au plasma, au sein d'un atelier de sculpture de proximité.

Les plaques sont maintenues sur les plats par les rubans de cuir décrits plus haut.

La pièce de titre est réalisée en dorure à l'atelier dans la même peau rouge que les rubans.

Une qualité notable de ce travail réside dans l'adéquation entre le choix des matériaux et le thème de l'ouvrage. Le fer évoque ici la dureté du sujet, les wagons de la déportation, etc.. tandis que le rouge nous amène crument au sang des victimes.

Un système de fermeture par cadenas (muni de sa clé) scelle l'ouvrage, comme un ouvrage "maudit" qui ne saurait être confié à un lecteur sans précaution.