Qui sommes nous ?



*************** QUI SOMMES NOUS ?
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Nous sommes une association d'amateurs qui pratiquons la reliure pour notre propre plaisir. Notre local se situe à Draveil, au Village des Associations, 42, rue du Bout des Creuses.
Notre atelier est ouvert les Samedi matin (9h-12h) et après-midi (14h-17h), le Mardi matin et le Jeudi matin, et cela toute l'année.
Nous recevrons avec plaisir toute personne intéressée par la mise en valeur ou la sauvegarde des livres, pour connaître notre travail, nous voir à l'ouvrage, poser des questions, éventuellement s'inscrire à notre atelier, pourquoi pas ? ... cela à tout moment de l'année.
Donc à bientôt.........


Un mot du rédacteur en chef Camille
Ce blog est le blog de tous les Lieurs. Chacun peut y intervenir librement, insérer du texte, des photos,... Il n'y a pas de censure. Certes, on le constatera; la signature est le plus souvent celle de Camille...timidité ? réticence devant l'ordinateur ? Allez savoir ! Peu importe; qui a choisi le rôle de rédacteur se doit de l'assumer !
Mais là n'est pas mon propos. Rédacteur, certes, mais pas formateur. Dans mes articles, je présenterai des travaux d'adhérents. Je n'ai pas qualité pour les juger. Le choix des œuvres présentées ne résulte que de la bonne volonté des adhérents de me les confier pour les photos. Les remarques que j'y ferai ne reflètent que l'impression d'un quidam qui, certes, aime les beaux livres, mais sans compétence particulière sur le sujet de la reliure. Je me donne la position d'un journaliste, aucunement celle d'un spécialiste. Je tenais à préciser ce point, afin qu'il n'y ait pas de malentendu.




jeudi 24 décembre 2020

Deux stagiaires dans la tourmente

 Nos deux stagiaires Janine et Geneviève n'auront pas eu la tâche facile pour leur stage de reliure chez les Lieurs. 

Toutes deux ayant opté pour une formule adaptée sous la forme de plusieurs demi-journées, les injonctions de confinement se sont invitées dans le jeu, et les reliures n'ont pu être terminées que dans des conditions très particulières. Janine a pu achever son livre chez elle à l'aide du tutoriel "maison" (voir dans ce blog: un tutoriel pour la reliure d'assemblage", 18/02/2017). Geneviève a pu bénéficier de quelques conseils de Camille pour boucler son travail.

Janine a choisi (ou plutôt adopté) pour la circonstance l'ouvrage de Stefan Zweig "Le monde d'hier", ou l'écroulement d'un monde (faussement) stable et serein, dans la catastrophe d'une guerre imbécile; la Grande Guerre... un livre vrai !


De son côté, Geneviève a opté pour un sujet plus léger avec l'ouvrage de Guirec Soudée "Le monde selon Guirec et Monique". Les voyages invraisemblables (mais vrais) de Guirec, un navigateur, et Monique, une poule, à travers les mers les plus inhospitalières du globe... quel programme !

Un grand merci à nos deux amies d'avoir un peu animé l'atelier en cette période très particulière.Notre petite formation aura-telle des suites pour elles ? La balle est dans leur camp, et l'atelier des Lieurs reste en tout cas à leur disposition.

mercredi 21 octobre 2020

Amapola au pied de son arbre

C'est un véritable document patrimonial que  notre amie Amapola a entrepris de relier pour sa propre famille. Il s'agit en fait de son arbre généalogique, véritable travail de recherche élaboré par son frère, édité sur ordinateur, et qui se présente sous la forme de deux gros volumes et un additif contenant, pour le premier les relations directes et l'arbre généalogique proprement dit, pour le second l'index des lieux, dates et individus, et pour le troisième la liste des ascendants directs et les sources d'information. L'arbre remonte jusqu'au milieu du XVIème siècle, où l'on rencontre, entre autres, des "sapateiro", "pantufeiro", et autres artisans moins rares à l'époque qu'aujourd'hui.

Les 3 ouvrages se présentent sous la forme de paquets de feuilles A4 libres.

La difficulté de relier ce type de document est qu'il présente à peu près les mêmes difficultés que les livres brochés d'aujourd'hui à savoir que, n'étant pas formés de cahiers, la technique classique de reliure n'y est plus possible. 

Des méthodes existent pour pallier à cette difficulté. La méthode la plus connue, et la plus ancienne, consiste à fabriquer des cahiers en cousant les feuilles par paquets, ce qui nous ramène dans la configuration classique. 

Une autre méthode, récemment proposée par Camille, a déjà été présentée dans ce blog. Le principe réside dans un mode de couture que l'on pourrait appeler "couture à fils noyés". Cette méthode permet d'éviter l'étape assez malcommode de la couture machine. Elle permet cependant de réaliser une reliure, au final, tout à fait semblable, et aussi robuste, qu'une reliure "à la française".

Les détails de cette technique ne seront pas rappelés ici. Pour plus d'information, on se reportera à l'article "La reliure des livres brochés...", p. 29-31, dans la revue "Arts et Métiers du Livre" , numéro de Mai-Juin 2020 ou "Des livres brochés aux dos arrondis" dans le blog "restauration-livres-camille.blogspot.fr", article du 27 Février 2018,

Les photos ci-après montrent le travail effectué par Amapola 

La couvrure est réalisée dans un Buckram bleu azur de chez Relma. Le motif d'arbre et l'encadrement en relief sont obtenus par pression à l'émalène. 

Les gardes-couleur sont un papier à la cuve commercial, assorti au matériau de la couvrure.

On retiendra tout particulièrement de cette réalisation l'idée intéressante de relier des documents personnels, rédigés ou scannés sur ordinateur, pour les préserver sous de belles présentations. On peut penser ainsi à des souvenirs recueillis auprès des anciens, des témoignages vécus dans certaines circonstances, des nouvelles ou romans "amateurs"... Dans cette optique, les 2 ouvrages de souvenirs familiaux de Danielle, présentés plus haut dans ce blog (v. "Un fort coup de Maillet", 21 Août 2018) sont un autre bel exemple, réalisé toutefois suivant une technique plus classique (feuilles A4 pliées formant des cahiers).

lundi 12 octobre 2020

Trois stagiaires pour une rentrée particulière

 C'était en effet, ce 5 Octobre, une rentrée un peu particulière. Ré-ouvert depuis peu après 6 mois de fermeture en raison du COVID, l'atelier des Lieurs accueillait trois stagiaires pour notre formation classique sur la technique d'emboitage, cette fois masquées, ainsi que le formateur Camille, comme il se doit en vertu des normes sanitaires.

 

On ne manquera pas de remarquer qu'il faisait froid dans l'atelier, la Mairie ayant oublié de rallumer le chauffage.

C'est donc en anorak que ces dames ont travaillé, comme on le voit, avec application.

 

 

 

 On ne s'offusquera pas si nos amies ont baissé le masque, contrevenant aux normes sanitaires; mais c'est à la demande du formateur pour le temps de la photo, en respectant les distances règlementaires.

Maryse, ci-contre à droite, a pris des notes frénétiquement; pour peut-être les mettre en application dès son retour à la maison. De l'avis de Camille, ce serait une bonne pratique, lorsque l'on veut garder vraiment quelque chose de ce stage.

 

 


 Catherine, ci-contre à gauche, prend des notes photographiques, ce qui est aussi une bonne technique. Une bonne photo vaut mieux qu'un grand discours. 

 

 

 

 Enfin Janine, à droite, n'aura pas eu besoin de prendre des notes; elle est inscrite dans notre atelier et disposera régulièrement des multiples conseils de nos adhérents.

Trois stagiaires faciles, qui comprennent bien le travail. Sauf le matériel qui nous a joué quelques mauvais tours - une toile de mauvaise qualité - et un incident plutôt cocasse - la permutation de deux livres, la séance a été sereine, et, on peut l'espérer, fructueuse.


 

 


jeudi 10 septembre 2020

Forum des associations: 6 Septembre 2020

C'est un forum inhabituel qui se tenait le 6 Septembre dernier, cette fois sur la base de Loisirs de Draveil. Inhabituel par le lieu, mais aussi par les conditions sanitaires de l'exercice: port du masque obligatoire pour exposants et visiteurs, distanciation, etc...

Clairement, ces conditions n'ont pas découragé les exposants, quasiment aussi nombreux et motivés qu'à l'ordinaire. L'affluence des visiteurs est restée soutenue, mais sans doute peu plus faible qu'auparavant. Il faut dire qu'à l'ouverture du forum, une hypothèque planait encore au dessus des associations: pourraient-elles rouvrir cet automne ou devraient-elles encore patienter ?

La nouvelle a rapidement fait le tour du forum; la municipalité accordait la réouverture des associations moyennant la signature par le Président d'une charte sanitaire assez contraignante.
Cette charte devait faire l'objet d'un additif propre à l'association concernée, assorti de la tenue d'un registre des présences pour le dépistage éventuel du virus. Voilà bien du travail en perspective pour les administrateurs.



Dans ces circonstances, autant faire contre mauvaise fortune bon cœur. Merci à Claude B et Camille (photos ci-dessus) qui se sont partagés la journée pour assurer la permanence du stand, ainsi qu'à Jean-Marie, Pierre T., Michèle et Roseline qui nous ont rendu une petite visite.

L'atelier a recueilli quelques demandes de stages, voire d'inscriptions à l'année; mais elles restent à confirmer.

La réouverture générale se fera la Samedi 12 Septembre, pour un maximum de 8 personnes...masquées.

Drôle d'époque !

samedi 15 août 2020

L'ami Paul nous a quittés...

Paul Maréchal était un des plus anciens adhérents de l'atelier des Lieurs. Il nous a quittés ce Lundi 10 Août 2020, à l'âge de 89 ans, terrassé par la maladie qui le minait depuis Janvier dernier.

D'une origine Picarde dont il était fier, et, en dehors de quelques escapades estivales à Bormes Les Mimosas, il était devenu draveillois enraciné depuis le début des années 60, et membre de l'atelier des Lieurs depuis 1994.

Pour l'atelier il était un pilier sûr. Par sa présence très régulière à raison de deux demi-journées par semaine, il se trouvait de fait impliqué, de manière informelle, comme un des animateurs du groupe, position qu'il  ne revendiquait pas, mais qui lui était demandée spontanément parce qu'on lui faisait confiance. En effet, Paul était un modeste...

Les qualités personnelles de Paul étaient reconnues de tous. Il y avait d'abord cette gentillesse spontanée, qui résonnait comme une véritable empathie envers les gens. Refusant tous les conflits, il n'avait de cesse d'essayer de concilier les contraires, de relativiser les points de vue, de rapprocher les "fâchés"... en un sens, c'était un sage.

Sur la question de sa santé, il était toujours extrêmement pudique. De son ultime maladie dont il connaissait la gravité, il ne parlait que si on le sollicitait, avec toujours le détachement du stoïcien qui accepte les épreuves comme un fait ordinaire de la vie. Sa santé avait rencontré de nombreux accidents, qui plusieurs fois avaient inquiété. Chaque fois il en ressortait, toujours souriant et affable, ce qui nous faisait dire, avec dérision, qu'il était encore ressuscité. Hélas, le dernier accident de parcours fut celui qui devait l'emporter, cette fois définitivement.

Paul est parti, sans doute apaisé, discrètement, fidèle à son image... Il nous manquera ...

Puisse ces quelques photos le faire revivre un peu. On n'y trouvera que des "Paul" souriants ou blagueurs. Des "Paul" fâchés" ou "ronchons"... on n'en a pas trouvé.











Quelques témoignages de l'atelier

Danielle
"Grande tristesse du départ de Paul , il avait des valeurs humaines rares que j'admirais , c'était un exemple pour moi , et un ami de reliure adoré de tous et toutes"

Raymond
"  Très touché par ce décès. Mes condoléances aux siens. Une amicale pensée à tous ses amis"

Amapola
" Je suis plus que triste de ne plus revoir Paul qui était la bonté incarnée. Nous pensions tous qu’il allait encore surmonter la dernière épreuve, comme il avait fait pour les dernières maladies très graves avec hospitalisations . A chaque fois il revenait à l’atelier..."

Roland
"Nous venons d'apprendre le décès de notre copain Paul. Immense tristesse."

Christine
" Très touchée par cette triste nouvelle . Etant sur Montgeron je serai à l’église à 14H30 ,vendredi . Pour un dernier adieu à notre ami"

Pierre L.
" Cette nouvelle m'attriste profondément. C'est sa bienveillance qui m'a rattaché au club. Il me manquera"
 
Pierre T. par téléphone
"Triste nouvelle. Paul nous manquera.   Mes condoléances à la famille"

Edmond, par téléphone
"Très peiné par cette disparition, il nous manquera. Mes condoléances à la famille"

Roger, par téléphone
"Nous perdons un bon copain. Mes condoléances à la famille"

Anne
" Profonde tristesse ! Je ne suis passez en forme pour lui dire adieu vendredi à l'Eglise.Je pense beaucoup au chagrin de sa famille ....

Marylène
" Très triste d 'apprendre le décès de Paul, un homme tellement chaleureux ."

Aurélie
" Je suis vraiment peinée d'apprendre la disparition de Paul. Un vrai rayon de soleil, une gaieté sans faille et un humour partagé. Sans l'avoir connu autant que certains Lieurs, j'ai apprécié sa délicatesse et sa gentillesse qu'il avait à l'égard de chacun de nous. Un homme bienveillant dont la présence était toujours un plaisir et je regrettais toujours les moments où il s'absentait pour partir en vacances. Malgré tout je suis heureuse d'avoir eu la chance de le rencontrer. C'était un homme charmant et Paul restera une figure parmi les hommes remarquables que j'ai connus. J'ai une pensée toute particulière pour sa famille à qui il va manquer terriblement. Il fait partie des personnes que j'aurais voulues croire éternelles... La reliure sera la passion partagée qui me fera penser à lui.
La dernière fois que je l'ai vu, je lui ai demandé de bien prendre soin de lui. Je le trouvait affaibli et fatigué. Si j'avais su que ce serait la dernière fois que je le voyais, je crois que je l'aurais serré dans mes bras... Cela l'aurait sûrement fait rire ! Il riait de bon cœur de mes facéties et de mes mauvaises blagues. Mes yeux s'embrument et j'ai du chagrin en pensant que nous ne boirons plus de petit café ensemble à l'atelier de reliure. Il m'a vraiment marquée et je n'ai pas l'intention de l'oublier ! J'espérais tant le retrouver à ma prochaine visite avec les autres Lieurs comme si le temps ne nous laissait pas vieillir à l'atelier de reliure.
Si la vie est un livre, je lui réserve une belle page... dans mon livre."

 Virginie
" Cette nouvelle est bien triste, je crois me souvenir d'un monsieur très gentil qui se nommait Paul lorsque je suis venue vous rendre visite"

samedi 18 juillet 2020

Les lieurs de l'été

L'atelier des Lieurs avait pour coutume de fonctionner toute l'année, période estivale comprise. Hélas, cette année 2020, qui ne ressemble à aucune autre, l'atelier restera clos tout l'été, sur ordre de la Mairie pour raisons sanitaires, et ne devrait rouvrir qu'en Septembre, si tout va bien.

Néanmoins, quelques Lieurs ont pu, au moins, finaliser chez eux des travaux commencés avant le confinement, et qui ne nécessitaient plus qu'un matériel de base. Au moins ceux là auront eu tout le temps de "peaufiner" leur travail, quitte à "faire et refaire" tant que le résultat ne leur convenait pas, et donc finalement - à quelque chose malheur est bon - progresser dans leurs techniques.

Parmi ces courageux, Agnès, débutante de l'année chez les Lieurs, nous propose son premier travail de reliure classique, toutefois sous un décor déjà passablement ambitieux.

L'ouvrage concerné fait partie de nos jeunesses, fussent-elles lointaines: "Les Saints vont en enfer", de Gilbert Cesbron, qui décrit les questionnements, le doute, mais aussi la tendresse d'un prêtre ouvrier plongé dans le monde de misère, de violence, mais aussi (un peu) d'espoir, des banlieues pauvres de l'après-guerre.

Agnès met d'emblée les conditions les plus sévères à son premier exercice de reliure. Il faut dire que notre amie fait partie des hypersensibles  (il y en a de plus en plus en plus) à la maltraitance animale. Donc point de cuir pour la couvrure; c'est dit ! On n'y reviendra pas. Bien sûr, les collègues relieurs pourront trouver ce choix très restrictif. Agnès est bien décidée à nous prouver qu'ils ont tort...

Et si elle avait raison ? Au delà du cuir, il y a tant d'autres matériaux pouvant servir pour une couvrure; matériaux de synthèse (skivertex, simili-cuir,etc...il n'en manque pas), papiers divers, tissus, patchwork, placages de bois (marqueterie), matériaux de la nature (feuilles d'arbres par ex.), etc... Les expositions de reliure d'art moderne présentent par ailleurs nombre d'idées les plus folles: plexiglass, ardoise, coquillages, ... Alors, Agnès, le champ est libre. On ne demande qu'à voir !


Pour la circonstance, Agnès utilise un genre de skivertex brun traité façon "chagrin". Le premier plat est évidé d'une "fenêtre" quadrilobée qui donne sur un fond de fleurs (papier), rappelé sur toute la surface par les mêmes fleurs en semis. Le même papier fleuri est utilisé pour les garde-couleurs. Notre amie est de toute évidence très perfectionniste. Ainsi Agnès met-elle un point d'honneur à ce que les garde-couleurs volantes prolongent sans décrochement la garde collée, ce qui nécessite une grande rigueur dans le réglage des chasses.  Pari réussi, on en jugera ! Chaque  difficulté: l'habillage de la fenêtre, le traitement des coins,...a fait l'objet d'un essai préalable, ce qui est la bonne manière de travailler. Le résultat est à la hauteur de ses ambitions.

Pour un premier ouvrage, Bravo Agnès !

C'est ensuite Camille qui aura terminé (enfin) son ouvrage décoré avec une lettrine.

L'ouvrage concerné est une oeuvre majeure d'Umberto Eco: "Baudolino"; une espèce de délire historico-légendaire, qui entraine le héros dans une traversée folle de l'Orient, pour aller à la rencontre du (mythique) prêtre Jean, sous la houlette de l'Empereur Frédéric Barberousse.

Pour cet ouvrage, Camille a cumulé les difficultés techniques. De fait tous ces problèmes ont été traités tantôt et rapportés ci-dessus dans ce blog, mais le challenge résidait plutôt dans le cumul de difficultés et leurs interactions inévitables.

L'ouvrage est à l'origine un livre broché, que Camille relie avec "dos arrondi" suivant la méthode "à fils noyés" déjà présentée dans ce blog.


Traité des Psaumes-Saint-Augustin
Le motif de la lettrine dérive d'une version initiale, inachevée, figurant dans le "Traité des Psaumes" de Saint Augustin , folio No 2 (XIème siècle). Ce dessin a été repris et adapté par de nombreux enlumineurs contemporains sous de multiples déclinaisons. La version de Camille est directement inspirée d'un modèle trouvé dans "Enluminures par Claudine" (https://www.flickr.com/photos/enluminuresparclaudine/albums/72157623915435647).

La lettrine "B" (comme Baudolino) est constituée d'abord d'une armature verte travaillée indépendamment en relief  dans du carton, puis formage sous émalène. Cette armature entoure, dans chaque lobe du B, une "flamme" constituée de plusieurs pièces de cuir de couleurs différentes, posées sur un fond d'or véritable. Après la pose, le fond d'or est repoussé vers la surface par la technique déjà présentée ici du "sertissage arrière" (technique aurélienne). L'ensemble avec l'armature est alors enchassé dans un décaissement léger du cuir de la couvrure.

Le dos reprend le thème des chimères de l'armature crachant deux flammes portant les titre et auteur de l'ouvrage. Les chimères sont formées en relief sur le dos comme des nerfs, les flammes étant collées sur le dos en léger décaissé dans la couvrure,

Les tranchefiles sont réalisées par de petites  bandes de cuir entourant un jonc.

Les garde-couleurs sont des papiers du commerce aux motifs rappelant le style de la lettrine.

Les nombreuses difficultés techniques de l'entreprise ont été plus ou moins bien résolues; mais n'en doutons pas, Camille aura beaucoup appris à cet ambitieux programme.

lundi 25 mai 2020

Le livre à "Pop up" de Christine

Toute idée originale est la bienvenue lorsqu'il s'agit de reliure de création. Certainement, Christine en est convaincue puis qu'elle nous livre cette fois un ouvrage agrémenté d'un "pop up", le premier de ce type dans notre atelier.

En l’occurrence, il s'agit de l'ouvrage d'Albert Fournier "Métiers curieux de Paris"; curieux en effet puis que l'on y rencontre un "éleveur de fourmis", quelques "goûteurs d'eau" et bien d'autres spécialistes tout aussi exotiques.


L'ouvrage est habillé essentiellement d'une peau marron à texture lisse. Les deux plats comportent, chacun une large marqueterie cuir-papier parfaitement géométrique, bordée de barrettes de bois mosaïquée, et sont insérés sous la forme de plats rapportés.

Le "pop up" se découvre à l'intérieur du premier plat. L'idée est clairement d'évoquer un paysage parisien où déambulent quelques uns des personnages du livre, qui ainsi prennent vie...en relief.



Le deuxième plat poursuit cette thématique, mais sans la mécanique du "pop up".

On retiendra les bonnes idées de cet ouvrage. Le décor de marqueterie, qui, dans une exécution rigoureuse, donne un effet tout à fait spectaculaire; ensuite la solution du "pop up"; certainement un premier début pour Christine, mais pour l'avenir une excellente idée à creuser...


L'article d'un "Lieur" dans "Arts et Métiers du Livre"

Le numéro de Mai-Juin 2020 de la revue "Arts et Métiers du Livre"* présente, aux pages 29 à 31, un article sur le thème "La reliure des livres brochés".


Nombre de nos relieurs ont rencontré le problème posé par les livres brochés (au sens que ce mot a aujourd'hui, c'est à dire des livres non formés de cahiers).

L'article en question propose une solution simple à ce problème.


 Sur la qualité de l'article et de la solution proposée, chacun en jugera. Mais il y a au moins un Lieur qui l'a apprécié, et qui n'en dira que du bien; l'auteur de l'article, ci-nommé ... Camille Gontier.

L'article est la propriété du journal, donc ne sera pas reproduit ici, mais pour ceux qui seraient intéressés, l'article est essentiellement une reprise de l'article publié dans le blog de Camille www.restauration-livres-camille.blogspot.fr, sous le titre:  "Des livres brochés...aux dos arrondis", à la date du 27 Février 2018.

*L'atelier est abonné, de longue date, à la revue, et le numéro concerné est donc disponible à l'atelier.

mercredi 29 avril 2020

26 Avril 2020. Le "point santé" des Lieurs face au coronavirus

Alors que les Lieurs sont en confinement depuis presque 2 mois, en raison de l'épidémie de coronavirus, Camille a établi un "bilan santé" de l'atelier, pour la semaine du 20 au 25 Avril 2020, par le biais d'appels téléphoniques et échanges de mails avec chaque Lieur.

Le principal résultat de cette consultation est donné ci-après, 

L’atelier ne déplore à ce jour aucune victime directe. Quatre de nos amis (Michèle, Paul, Odette, Virginie) ont rencontré le virus, mais en ont triomphé. Bravo !
Apparemment, pas de décès COVID dans les familles de Lieurs non plus, mais quelques uns (2 signalés) parmi les amis proches.

 Cette enquête s'est efforcée de recueillir également les mentions de nos proches qui, en contact avec les milieux hospitaliers, prennent des risques pour tous, et peut-être pour nous demain.
Christine (une belle soeur aide-soignante), Raymond (un petit neveu médecin), Claude V. (petite-fille infirmière), Roland (1 fille, 1 petite fille et époux médecin), Pierre L. (1 fille, à la Réunion. Dur !), Barbara (fille médecin), Roseline (frère médecin, frère pharmacien, 2 belle-soeurs pharmaciennes), Georges (1 belle-fille, 1 fils kiné réquisitionné)... il en manque certainement...
Il faut vraiment les remercier, à charge pour les Lieurs de leur transmettre nos encouragements.

Ce point de vue est évidemment un peu réducteur. En ce moment, tous ceux qui continuent à travailler au dehors; employés, caissières, livreurs, éboueurs, etc... souvent mal rémunérés, prennent des risques pour que la machine continue à fonctionner (et oui ! pour nous tous). Il faudra se souvenir, d'une manière ou d'une autre, ce qu'on leur doit, et pas seulement aujourd'hui, mais tout le temps.

 Le texte qui suit, rédigé par Camille à partir de ces entretiens, résume (plus ou moins fidèlement), les témoignages recueillis. Le bilan étant finalement satisfaisant, Camille a pris le parti de la légèreté, voire de la plaisanterie, malgré les mentions de quelques drames personnels. 

Agnès donne dans la broderie à tour d’aiguille (voir photos dans son mail). C’est nippon (ni mauvais…facile !). Un ami atteint du COVID, en voie de guérison. (mails du 22/04, et 4/04)
Amapola aura fait tant de couture pour ses petits enfants qu’elle doit presser ses enfants de lui en faire d’autres (mail perso du 20 /04). Des amis proches malades COVID. Inquiétudes …
Anne soigne son image de Reine des confinés. Fortement frappée d’optimisme syndromique, elle refuse de se soigner (sauf pour l’arthrose des articulations. Courage !) (mails du 7/04)
Aurélie se retrouve à la caisse d’Auchan. Elle est masquée. Si vous la reconnaissez, ne vous moquez pas, vous la mettrez en colère. Ses deux parents ont triomphé du COVID . Bravo !
Barbara s’est appropriée la base de Loisirs, vu qu’elle a (presque) le seul accès non fermé par des grilles (information à ne pas divulguer).
Camille a été condamné au confinement 2 mois avec son épouse ; la peine maximale. Son forfait : avoir fait des blagues à son sujet. Objection : ce n’étaient pas des blagues.
Caroline, en congés forcés, peut enfin s’occuper de ses bouquins, après s’être beaucoup occupée des bouquins des autres. On veut bien voir les photos (mail du 10/04)
Claude B. S’est mis en cohabitation avec Giono, en violation des règles du confinement (mail du 22/04)
Christiane recherche un mot fléché de 5000 cases. Marre de jouer aux petits soldats avec son mari. Plutôt écouter de la musique.
Christine a failli être arrêtée au dehors pour abus de sorties aux « Tartelettes au fraises », raison non inscrite dans la liste des autorisations (mail du 23/04)
Claude V. a toute l’œuvre de Daudet pour s’occuper, quand bien même si le confinement durerait 6 mois.
Danielle promène le chien, range les placards, repeint la boite aux lettres… Le confinement, c’est épuisant ! Une proche voisine décédée du COVID. Triste .… (Mail perso du 20/04)
Edmond doit éviter de passer sur la balance. « Se confiner » ne veut pas dire « consommer du confit » (de canard).
Georges est obligé de faire les devoirs de Jérémy. Attention les retours (Papy, tu as eu 5 au problème de maths ! Dur !) (mail du 7/04)
Gérard prévoyait une retraite à l’abbaye de Fleury. Il a dû faire sa retraite chez lui, pour cause de fermeture. Patience, les moines ont le temps… (mail perso du 14/04)
Jacqueline fait tellement de cuisine qu'elle pourrait bientôt ouvrir un restaurant à Leucate (Aude). On est impatient (mail perso du 20/04)
Jean-Marie aura bientôt le plus beau jardin de Draveil. Gare à la concurrence ! Pierre T. veille de loin. (mail perso du 23/04)
Jeanne s’est vue couper les ailes pour la reliure, tant à la fac qu’à l’atelier. A remplacé ça par la broderie et le Qi-Gong. Kéçéça, (j’ai dû chercher sur le net), en bref c’est chinois, et c’est même recommandé aux personnes agées. Bientôt, 10 minutes obligatoires à l’atelier des Lieurs, à chaque séance. (mail perso du 22/04)
Marc perfectionne la recette de la colle imputrescible. (farine+vinaigre+sucre+Javel). Il l’a proposée à D. Trump pour lutter contre le virus, par injection directe dans les poumons. (Mail du 25/03)
Michèle a vaincu le virus, ainsi que sa fille et son petit-fils. Bravo ! Elle s’est lancée dans le kirigami. On aimerait bien voir (il m’embête celui- là). Bientôt prête à franchir le Tourmalet, sur son vélo (d’appartement).(mail du 7/04)
Odette poursuit (positivement) son chemin de croix. Après rupture d‘une prothèse (été 2019), rupture de la plaque de réparation (automne 2019), surinfection puis passage en réanimation (Décembre 2019), atteinte du COVID à Dupuytren (Février 2020), remonte doucement, mais sûrement la pente… Courage et Bravo !
Paul est ressuscité pour la 10ème fois, de quoi donner la foi aux plus réfractaires. Atteint du COVID fin Mars (sans hospitalisation) il en est sorti depuis, et se remet peu à peu. Courage, et Bravo !
Paulo fait chauffer son home trainer. Malheureusement ce dernier ne sait pas danser. (mail du 8/04)
Philippe, le seul qui pouvait sortir de chez lui pour son travail, se voit confiné quand même pour cause de sciatique. Quelle barbe !
Pierre L. nous concocte une nouvelle version de sa limonade, à consommer (avec modération), allongé sous un baguenaudier de préférence.  (mails du 20/04 et 23/04)
Pierre T. fait concurrence à Jean-Marie pour le plus beau jardin de la cité. Attention, il te surveille d’en face. Te laisse pas faire !
Raymond scrute ses pots de fleurs, mais rien n’en sort, vu qu’il n’y a rien planté. Par contre il écoute pousser ces cheveux, et là ça marche !  Un petit-fils, un neveu et son épouse sortis guéris du COVID Bravo ! (mails du 22/04, et 7/04)
Régine a atteint la zénitude par la pratique effrénée du yoga. S’approche de la connaissance transcendantale. Un décès et un atteint parmi les cousin(e)s…Triste ….
Robert espère une réouverture rapide de l’atelier. Il a dû le lire dans le marc de café… Mieux vaut lui conseiller de changer de marque.
Roger promène son chien x fois par jour. Problème : sachant qu’il habite Cachan, qu’il a un IPAD dont il ne sait pas trop se servir, trouver la valeur de x .
Roland grave des verres pour ses enfants. Graver quoi ?, l’un veut …des champignons, l’autre …une mante religieuse !. Ah ! les enfants !
Roseline interdite de pieds par son syndicat professionnel, n’a plus que les siens pour s’occuper. Suffisant pour aller au jardin soigner ses rosiers.
Virginie a triomphé du virus ainsi que son mari. Bravo ! Le confinement avec 2 enfants (qui ne vont plus à l’Ecole), c’est moyen … (mail perso du 5/04)


mercredi 15 avril 2020

Un fameux oeuf de Paques...et une croisière mouvementée



 Ce magnifique oeuf de Pâques nous est transmis par Gérard, un ancien de la reliure que la plupart d'entre nous connaissent bien; il était encore inscrit l'année dernière.

En fait ce n'est pas lui qui en a profité, mais son beau-frère, à bord d'une croisière interrompue pour cause de virus, heureusement sur le retour, à ce jour, après bien des péripéties qu'il a relatées en détail et que Gérard nous a transmis dans deux mails, l'un adressé à notre ami Pierre T., l'autre adressé à Camille.

En quelques mots, le bateau n'ayant pu accoster dans les ports initialement prévus fut réduit à tourner un peu en rond avant de prendre le chemin du retour. A ce jour, il n'a pas encore rejoint le pays, et il faut souhaiter aux "naufragés de la croisière" un prompt rapatriement, sans virus bien sûr.

dimanche 5 avril 2020

Les Lieurs en hibernation...

Samedi 14 Mars, nous sommes encore neuf Lieurs présents à l'atelier le matin, et cinq l'après-midi. En raison du coronavirus, les gestes "barrière" sont observés; distances minimales, lavage des mains, etc..
Mais la menace d'un confinement général plane, et certains l'ont déjà mise en application.
Le soir même, le discours du premier ministre fait tomber nos illusions. Les Lieurs de Sénart, comme les autres associations, devront se mettre en hibernation pour une durée indéterminée.

Faute d'activité dans l'atelier, ce blog entrera un peu en sommeil le temps qu'il sera nécessaire.

Camille a pu terminer un ouvrage auquel ne manquaient que les garde-couleurs. Il s'agit d'une application de la méthode "Creuzevault" pour la mosaïque de cuir.

Le principe en est simple. Des motifs de peau sont disposés et collés sur un cuir qui sera le matériau de couvrure général. La "tartine" est mise sous la presse, avec une plaque d'émalène intermédiaire disposée côté chair.

Ce qui en ressort est, côté fleur, l'image exacte de ce que l'on verra in fine, cependant les pièces rapportées se sont enfoncées dans la peau de couvrure, mais réapparaissent côté chair sous forme de reliefs équivalents .

On demande alors au pareur de refendre cet ensemble à une épaisseur choisie. La peau qui en ressort peut alors être utilisée comme un cuir de couvrure ordinaire.
On trouvera une information technique plus complète dans "www.restauration-livres-camille.blogspot.fr" à la date du 11 Avril 2020.

Les photos jointes montrent un exemple avec l'ouvrage de Patrick de Carolis "La dame du Palatin", histoire de l'ascension sociale d'une femme, dans l'univers violent des empereurs romains.


La méthode est intéressante pour sa facilité de mise en oeuvre. Cependant elle n'est efficace que pour des décors faits de pièces indépendantes, posées sur un fond unique, comme ci-dessus. Elle le serait moins pour  un décor fait de pièces jointives, qu'il faudrait alors découper et assembler avec précision, comme usuellement.


lundi 17 février 2020

Trois coups de coeur

Rédigé par Camille

 Il y longtemps que je n'avais pas rassemblé quelques "coups de coeur". J'entends par là des images récupérées de ci de là (généralement sur le net) et qui pourraient donner de bonnes idées pour des reliures.

 La photo ci-dessous ne représente probablement pas une reliure, mais plutôt un couvre-livres.


 Peu importe. L'idée du cuir froissé me paraît très intéressante, même pour la couvrure d'un livre.
Resterait à savoir quel matériau a permis de solidifier le cuir après froissage.

Le travail de teinture mériterait aussi quelques explications.

Le dispositif de fermeture (pour un livre qui en aurait besoin) est aussi bien sympathique.






 C'est encore un couvre-livre qui m'a inspiré, à travers la photo ci-contre. Il s'agit d'un travail de repoussage de cuir réalisé par un professionnel de cette activité; Mr Deneken, à Vierzon, chez lequel j'avais effectué dans le temps un stage d'un jour.

Il va sans dire que ma réalisation de stagiaire était à des années-lumière de cette réalisation.

Un couvre-livre, peut-être; mais pourquoi pas un livre ?



 Il y a certes beaucoup moins de technicité dans ce carnet personnel qui appartient à notre amie Agnès, mais pourquoi pas une idée simple qui pourrait bien s'appliquer à un livre ?

La couvrure est constituée d'un simple rectangle de cuir. Les cahiers sont directement cousus sur la couverture par deux coutures croisées.

La couverture souple possède nécessairement un rabat et un dispositif de fermeture, sans quoi l'ouvrage ne serait jamais vraiment fermé.

 L'ensemble est d'une rusticité tout à fait sympathique 

N'y a-t-il pas là quelques beaux défis à relier pour nos amis de l'atelier ? Allez, un peu de courage !