Qui sommes nous ?



*************** QUI SOMMES NOUS ?
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Nous sommes une association d'amateurs qui pratiquons la reliure pour notre propre plaisir. Notre local se situe à Draveil, au Village des Associations, 42, rue du Bout des Creuses.
Notre atelier est ouvert les Samedi matin (9h-12h) et après-midi (14h-17h), le Mardi matin et le Jeudi matin, et cela toute l'année.
Nous recevrons avec plaisir toute personne intéressée par la mise en valeur ou la sauvegarde des livres, pour connaître notre travail, nous voir à l'ouvrage, poser des questions, éventuellement s'inscrire à notre atelier, pourquoi pas ? ... cela à tout moment de l'année.
Donc à bientôt.........


Un mot du rédacteur en chef Camille
Ce blog est le blog de tous les Lieurs. Chacun peut y intervenir librement, insérer du texte, des photos,... Il n'y a pas de censure. Certes, on le constatera; la signature est le plus souvent celle de Camille...timidité ? réticence devant l'ordinateur ? Allez savoir ! Peu importe; qui a choisi le rôle de rédacteur se doit de l'assumer !
Mais là n'est pas mon propos. Rédacteur, certes, mais pas formateur. Dans mes articles, je présenterai des travaux d'adhérents. Je n'ai pas qualité pour les juger. Le choix des œuvres présentées ne résulte que de la bonne volonté des adhérents de me les confier pour les photos. Les remarques que j'y ferai ne reflètent que l'impression d'un quidam qui, certes, aime les beaux livres, mais sans compétence particulière sur le sujet de la reliure. Je me donne la position d'un journaliste, aucunement celle d'un spécialiste. Je tenais à préciser ce point, afin qu'il n'y ait pas de malentendu.




dimanche 19 janvier 2020

Des décors précieux

Un écrin pour Le Grand Meaulnes

C'est sous un décor très précieux que Barbara nous présente le célèbre roman d'Alain Fournier: "Le Grand Meaulnes", histoire d'une amitié d'adolescents qui sera par la suite le ciment de deux histoires d'amours croisées malmenés par les accidents de la vie.

L'ouvrage est traité par notre amie dans une pleine peau ocre glacée.
Les mariages (contrariés) tenant une grande part dans le roman, c'est une fleur de robe de mariée qui occupe le centre du premier plat, logée comme un médaillon dans un décaissé ovale de la peau.

 Un cadre au profil suranné, tel un miroir d'antan, réalisé en brisures de coquilles d'oeuf collées sur papier or, confirme la touche très romantique de l'ouvrage.



 Les gardes-couleurs sont réalisées simplement par un semis de tâches de peinture sur papier qui imite assez bien un papier "à la cuve".


Un tel ouvrage demandait une protection, en l'occurence un coffret, pour lequel Barbara innove avec bonheur. En effet, le modèle classique de coffret pour un livre présente l'inconvénient que l'ouvrage n'est normalement pas visible. Barbara résout le problème en munissant le couvercle d'une vitre, emprisonnée dans l'épaisseur du cartonnage.
Le coffret est par ailleurs entièrement habillé d'un papier marbré, simple mais suffisant.

Des bijoux plus qu'"auréliens"  

C'est pour un livre beaucoup moins romantique: "Dorure et décoration des reliures", d'Yves Devaux, que Camille crée un décor précieux comportant au premier plat, un collier porté par un profil féminin, et au deuxième plat, une sorte de talisman rouge et or.

Camille qualifie cet ouvrage de "trois fois aurélien"; d'abord par l'ouvrage lui-même (notre amie Aurélie comprendra), par l'usage de la feuille d'or* (itou), et par la technique utilisée pour la décoration. Cette technique sur laquelle Camille travaille (et espérons le) progresse, depuis 4 ouvrages, a déjà été détaillée dans ce blog sous le nom de "sertissage arrière" ou quelquefois "méthode aurélienne", en hommage à celle qui l'a introduite.

L'ouvrage est construit de manière non-classique en utilisant une couture sans ficelles ni rubans, apparentée au mode de couture copte. De ce fait l'ouvrage peut être ouvert à plat (v. photo ci-dessus), ce qui est un avantage pour un ouvrage didactique.

L'ensemble du décor est composé dans une peau glacée anthracite mise en forme, au premier plat, sur un profil féminin portant un collier de pierres et de perles dorées.
Le profil féminin au premier plat est réalisé par un empilage de cartons que vient recouvrir le cuir de couverture sous une pression à l'émalène.
Les perles d'or sont obtenues par sertissage arrière d'une deuxième peau dorée à la feuille*.
Les cabochons de couleurs vives sont réalisés suivant la méthode Voignier, solidifiés aux bords à l'aide de bériplast.


Au deuxième plat, le
"talisman" utilise à fond la technique "aurélienne", les zones dorées provenant d'une seconde peau collée à l'arrière de la couvrure générale.

 Titre et auteur sont rapportés sur le dos dans des logements déterminés par des faux-nerfs de formes ovales pour deux d'entre eux et ronde pour le troisième.
Les éléments du titrage sont dorés au ruban dans des pièces de titre de couleur rappelant le thème des bijoux qui caractérise le décor.

Les gardes-couleurs sont d'un papier à la cuve coloré en nuances de verts et filets dorés qui s'harmonisent avec les plats. Les charnières de peau prolongent naturellement le cuir noir de la couvrure.


 * Dans le cas présent, il s'agit de feuille de cuivre et non pas d'or.

Exposition "L'âge d'or de la peinture anglaise"


Reportage Camille

Ce 16 Janvier, nos amis de l'AAP nous proposaient une sortie exposition au Musée du Luxembourg, à Paris, exposition consacrée à la peinture anglaise du XVIIIème au début du XIXème. Bien qu'étant seul relieur à avoir saisi l'occasion, je ne manquerai pas à mon rapport de visite, qui sera cependant assez bref compte tenu d'une certaine distanciation personnelle par rapport au sujet.

L'exposition avait au moins le mérite de nous révéler que la peinture anglaise avait eu aussi un âge d'or, que la France, l'Italie et les Pays-bas ne sont pas TOUTE la peinture, et qu'en dehors des Gainsborough, Reynolds (les frères ennemis), Constable et Turner, il y a eu aussi en Angleterre une foule de peintres peu connus de nous, témoins d'une une véritable Ecole anglaise de peinture, et dignes de nos Le Lorrain, Van Dyck,Veronese... du continent.

A titre d'illustration, j'ai retenu (ci-dessus à gauche) ce délicieux portrait de "Mrs Robert Trotter of Bush" (1768), dû à Georges Romney, et (ci-dessus à droite) ce vigoureux tableau allégorique "La vision du cheval blanc" (1798) de Philippe-Jacques de Loutherbourg (en fait un épisode tiré de l'Apocalypse de Saint Jean), enfin ci-contre,  une évocation du nouvel empire britannique de cette époque "Scènes de danses dans les Caraïbes" (env. 1780), d'Agostino Brunius.

vendredi 3 janvier 2020

Une famille sous le joug...

...sous le joug de l'apprentissage, s'agissant bien entendu de reliure.
C'est en effet notre amie Agnès, déjà inscrite à l'atelier, son mari Jean-François, ses filles Aliénor et Margaux, une petite famille presque au complet qui ce 27 Décembre rejoignait l'atelier pour notre stage d'emboitage traditionnel.

Agnès ayant déjà eu une première expérience du sujet, son aide ne fut pas de trop pour soutenir, avec toute la tendresse d'une épouse et d'une mère, son petit monde de débutants.


Quelle  application !


Il faut dire que chez les Lieurs, on s'amuse à travailler !

Et voilà le résultat !



Presque des pros !

Reporter et moniteur Camille

Deux livres brochés...arrondis

 Le problème des livres brochés

S'il est un problème qui ressort de plus en plus fréquemment, c'est le problème des livres brochés, au sens que ce mot a aujourd'hui. Rappelons à ce propos que le terme "broché" était utilisé jusque vers les années 1960 pour des livres à cahiers, sommairement cousus, à couverture papier (reliures souvent qualifiées de "reliures d'attente"), et qui, de ce fait, attendaient...d'être reliés !
Aujourd'hui, de tels livres ne sont plus fabriqués et le terme "broché" s'applique à des livres non formés de cahiers, à couverture souple, assemblés par simple encollage du dos. La plupart des livres édités aujourd'hui sont de ce type, le terme "relié" étant réservé aux exemplaires à couverture dure.

Le problème des ouvrages brochés d'aujourd'hui est qu'ils ne peuvent plus être cousus comme autrefois, n'étant pas formés de cahiers. La solution classique consiste à reconstruire des cahiers par couture à la machine (surjet) de petits paquets de feuilles entre elles. Ce travail est souvent peu apprécié, la couture du papier étant assez malcommode. Une autre méthode où les petits cahiers sont construits par collage de feuilles entre elles sur un bord peut être envisagée, mais le résultat s'avère peu satisfaisant (cahiers trop raides).
Les deux ouvrages présentés ci-après procèdent, à la base, d'une méthode classique: la méthode d'emboîtage avec couture par fils noyés déjà présentée dans ce blog (v. art. "Un tutoriel...", 18/02/2017). Rappelons que cette méthode conduit normalement à des reliures à dos plat, souvent jugées peu élégantes. Camille a proposé il y a peu (v. blog restauration-livres-camille.blogspot.fr, art. du 27/02/2018) une modification de la méthode permettant d'aboutir à un dos rond. Le résultat conduit alors à un aspect proche d'une reliure "à la française", bien que le mode de construction en soit profondément différent. C'est cette méthode qui a été appliquée pour les deux ouvrages présentés ici.

Contes du vieux-vieux temps, d'Henri Pourrat

C'est un ouvrage plein de nostalgie qui nous est offert par Raymond, avec ce petit "folio", format poche  broché à couverture souple.
 
Dans ce livre, Pourrat, grand "raconteur" d'histoires, ne faillit pas à sa réputation terrienne, à ses attaches auvergnates, à ses montagnes et aux hommes de ces pays.

 




La construction de l'ouvrage est strictement conforme à celle qui a été rappelée ci-dessus; soit, en séquence: "pseudo-grecquage" du bloc-livre, formage du dos sur un cylindre, couture par fils noyés, accrochage des cartons sur les débords de la mousseline, couvrure standard pour finir.

Au niveau du décor, la couvrure de cuir beige est enfoncée sur le premier plat de façon à loger l'illustration de couverture.

Le dos est pourvu de 4 nerfs à distances irrégulières, de façon à permettre de loger le titre remarquablement long dans le 3ème entre-nerfs .

Les gardes-couleurs, d'un joli papier à chevrons, complètent cet ouvrage charmant

Aux racines du temps, de Stephen Jay Gould

C'est ce même procédé de construction qui est appliqué par Camille pour cet ouvrage du paléontologue américain Gould, pape du Darwinisme, auteur de nombreux ouvrages sur ce thème ("Le pouce du Panda, etc...)
A travers 3 textes fondateurs des XVIIème au XIXème siècle, l'auteur nous amène à une réflexion sur la compréhension du passé de la Terre à partir des rares vestiges géologiques et anthropologiques qui ont subsisté.

L'ouvrage est un exemplaire moderne à couverture souple publié chez Grasset, initialement broché. Le processus de reliure est donc absolument identique à celui de l'ouvrage précédent.

Au regard du sujet, l'illustration du 1er plat s'imposait, comme une évocation imagée du Big Bang primordial de l'univers. Pour cette image, Camille a recours une fois de plus à la technique de sertissage arrière (la méthode aurélienne), déjà présentée dans ce blog (2ème livre du 2ème art. 16/10/2019).


Le second plat est une représentation plane de la Terre, obtenue par la technique de superposition également évoquée ci-dessus (2ème livre du 2ème art. 25/06/2019).

Le dos, enfin, est agrémenté de deux nerfs obliques qui délimitent une pièce de titre en 3 couleurs.

Les gardes-couleurs sont dans un papier glacé figurant une nébulosité or sur fond bleu, manière de rappeler un ciel primitif prêt à se condenser en une multitude d'étoiles.