Christine double la mise...
...avec deux nouvelles reliures originales; deux techniques différentes, la plus simple n'étant pas forcément la moins convaincante.
Le Louvre
On ne trouvera dans cet ouvrage d'André Blum nulle collection de peintures, ni sculptures, objets d'art; pas même les plus connus; pas de Joconde ni de Picasso; mais en fait une histoire du bâtiment "Louvre", de sa vocation et de ses vicissitudes au long des 5 siècles jusqu'à nos jours.On notera qu'en raison de l'épaisseur des cartons (3mm), l'évidement des fenêtres a nécessité le recours à la découpe Laser. Cette technique, unique pour la découpe dans des cartons épais, trouvera bien d'autres usages, n'en doutons pas, dans la réalisation de décors.
Les Hauts de Hurlevent, d'Emily Bronté
Considéré aujourd'hui comme un monument de la littérature britannique, ce roman n'a pas toujours fait l'unanimité. Sa violence a fait qu'on l'a cru un temps écrit par un homme, la conception de la femme au milieu du XIXème étant peu compatible avec ce style fortement transgressif.
Dans un milieu hostile de landes sauvages, qui d'emblée suscite une atmosphère angoissante, des relations amoureuses se nouent, mais dans l'ombre tournent facilement à la jalousie, quand ce n'est pas au désir de vengeance.
L'étrange Mr Heathcliff , rongé par le désespoir, en fera les frais.
Christine choisit pour cet ouvrage un décor simple, mais efficace. La couvrure noire pleine peau situe d'emblée le roman dans une nuit angoissante et vide. Le décor minimaliste est réduit à l'évocation d'une tour mystérieuse, comme il en existe de nombreuses en Angleterre, partiellement éclipsée par un énorme soleil rouge, plus tragique qu'éclairant.
On notera l'effet "peau de serpent" utilisé pour la tour, qui simule de manière très réaliste une construction rustique en "opus incertum". La pièce de titre large au dos, dans le même rouge, s'harmonise heureusement avec l'ouvrage.
Avis de la rédaction. Cet exemple de décor, minimaliste, presque symbolique, mais suffisant pour communiquer l'atmosphère de l'ouvrage, nous parait être tout à fait dans l'esprit de la reliure moderne. En l'espèce, retenons le, le trop est souvent l'ennemi du bien.
...et Michèle se met en quatre...
...pour nous présenter quatre nouvelles reliures, sur des thèmes très variés.
Trois-six-neuf, de Colette
Dans cet ouvrage, Colette nous raconte ses nombreux déménagements; de sa Bourgogne natale jusqu'au 9 rue de Beaujolais (c'est normal) à Paris, où elle vécut de 1938 à sa mort en 1954.
Dans une couverture bleue pleine peau, Michèle inscrit titre et auteur dans un joli mouvement courbe dégressif. Ce titrage étant au préalable découpé au Laser dans une cartonnette, le relief est obtenu par pression à l'émalène du cuir de couvrure sur cette base.
Le papier marbré "plume de paon" complète heureusement cette réalisation
Gaspard, Melchior et Balthazard, de Michel Tournier
Cet ouvrage nous raconte l'histoire des trois rois mages, mais aussi celle d'un quatrième roi, gourmand, parti en quête d'une friandise céleste.La couvrure est un skivertex-papier animé par les silhouettes des 3 rois-mages, elles mêmes moulées dans le même skivertex.
Les gardes-couleurs du même papier confèrent une réelle homogénéité à l'ouvrage.
La Provence, de Camille Mauclair (Ed. Arthaud, 1944)
Cet ouvrage, d'un auteur plusieurs fois rencontré dans ce blog, nous emmène aujourd'hui vers des horizons ensoleillés. On y traverse la Vallée du Rhône, le coeur provençal; puis de Marseille à l'Argens, de la Sainte-Baume au Var et du Var au Ventoux, c'est un grand tour de Provence qui s'offre à nous.
Pour cet ouvrage, Michèle reprend la couverture d'origine sur une base souple, les cahiers étant montés sur des onglets de couleurs différentes. La couture apparente sur rubans est une originalité de ce travail.
Fanny, de Marcel Pagnol
Marius est parti sans donner de ses nouvelles, laissant Fanny enceinte. Panisse qui l'avait demandée en mariage est ravi; il accepte Fanny et son enfant. Le bébé nait mais Marius réapparait et veut reprendre son bien. Sur le refus de Panisse, Marius doit regagner son bateau.La couvrure dans une toile bleue est incrustée d'un décor évoquant les voiles d'un bateau, découpé dans une peau de poisson; double référence à l'addiction de Marius pour la mer. Les gardes-couleurs en tourbillon de bleu s'accordent également avec ce thème.
Le titre est moulé sur une forme découpée au scalpel dans de la cartonnette; on connait la pénibilité de ce travail
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