Qui sommes nous ?



*************** QUI SOMMES NOUS ?
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Nous sommes une association d'amateurs qui pratiquons la reliure pour notre propre plaisir. Notre local se situe à Draveil, au Village des Associations, 42, rue du Bout des Creuses.
Notre atelier est ouvert les Samedi matin (9h-12h) et après-midi (14h-17h), le Mardi matin et le Jeudi matin, et cela toute l'année.
Nous recevrons avec plaisir toute personne intéressée par la mise en valeur ou la sauvegarde des livres, pour connaître notre travail, nous voir à l'ouvrage, poser des questions, éventuellement s'inscrire à notre atelier, pourquoi pas ? ... cela à tout moment de l'année.
Donc à bientôt.........


Un mot du rédacteur en chef Camille
Ce blog est le blog de tous les Lieurs. Chacun peut y intervenir librement, insérer du texte, des photos,... Il n'y a pas de censure. Certes, on le constatera; la signature est le plus souvent celle de Camille...timidité ? réticence devant l'ordinateur ? Allez savoir ! Peu importe; qui a choisi le rôle de rédacteur se doit de l'assumer !
Mais là n'est pas mon propos. Rédacteur, certes, mais pas formateur. Dans mes articles, je présenterai des travaux d'adhérents. Je n'ai pas qualité pour les juger. Le choix des œuvres présentées ne résulte que de la bonne volonté des adhérents de me les confier pour les photos. Les remarques que j'y ferai ne reflètent que l'impression d'un quidam qui, certes, aime les beaux livres, mais sans compétence particulière sur le sujet de la reliure. Je me donne la position d'un journaliste, aucunement celle d'un spécialiste. Je tenais à préciser ce point, afin qu'il n'y ait pas de malentendu.




samedi 18 juillet 2020

Les lieurs de l'été

L'atelier des Lieurs avait pour coutume de fonctionner toute l'année, période estivale comprise. Hélas, cette année 2020, qui ne ressemble à aucune autre, l'atelier restera clos tout l'été, sur ordre de la Mairie pour raisons sanitaires, et ne devrait rouvrir qu'en Septembre, si tout va bien.

Néanmoins, quelques Lieurs ont pu, au moins, finaliser chez eux des travaux commencés avant le confinement, et qui ne nécessitaient plus qu'un matériel de base. Au moins ceux là auront eu tout le temps de "peaufiner" leur travail, quitte à "faire et refaire" tant que le résultat ne leur convenait pas, et donc finalement - à quelque chose malheur est bon - progresser dans leurs techniques.

Parmi ces courageux, Agnès, débutante de l'année chez les Lieurs, nous propose son premier travail de reliure classique, toutefois sous un décor déjà passablement ambitieux.

L'ouvrage concerné fait partie de nos jeunesses, fussent-elles lointaines: "Les Saints vont en enfer", de Gilbert Cesbron, qui décrit les questionnements, le doute, mais aussi la tendresse d'un prêtre ouvrier plongé dans le monde de misère, de violence, mais aussi (un peu) d'espoir, des banlieues pauvres de l'après-guerre.

Agnès met d'emblée les conditions les plus sévères à son premier exercice de reliure. Il faut dire que notre amie fait partie des hypersensibles  (il y en a de plus en plus en plus) à la maltraitance animale. Donc point de cuir pour la couvrure; c'est dit ! On n'y reviendra pas. Bien sûr, les collègues relieurs pourront trouver ce choix très restrictif. Agnès est bien décidée à nous prouver qu'ils ont tort...

Et si elle avait raison ? Au delà du cuir, il y a tant d'autres matériaux pouvant servir pour une couvrure; matériaux de synthèse (skivertex, simili-cuir,etc...il n'en manque pas), papiers divers, tissus, patchwork, placages de bois (marqueterie), matériaux de la nature (feuilles d'arbres par ex.), etc... Les expositions de reliure d'art moderne présentent par ailleurs nombre d'idées les plus folles: plexiglass, ardoise, coquillages, ... Alors, Agnès, le champ est libre. On ne demande qu'à voir !


Pour la circonstance, Agnès utilise un genre de skivertex brun traité façon "chagrin". Le premier plat est évidé d'une "fenêtre" quadrilobée qui donne sur un fond de fleurs (papier), rappelé sur toute la surface par les mêmes fleurs en semis. Le même papier fleuri est utilisé pour les garde-couleurs. Notre amie est de toute évidence très perfectionniste. Ainsi Agnès met-elle un point d'honneur à ce que les garde-couleurs volantes prolongent sans décrochement la garde collée, ce qui nécessite une grande rigueur dans le réglage des chasses.  Pari réussi, on en jugera ! Chaque  difficulté: l'habillage de la fenêtre, le traitement des coins,...a fait l'objet d'un essai préalable, ce qui est la bonne manière de travailler. Le résultat est à la hauteur de ses ambitions.

Pour un premier ouvrage, Bravo Agnès !

C'est ensuite Camille qui aura terminé (enfin) son ouvrage décoré avec une lettrine.

L'ouvrage concerné est une oeuvre majeure d'Umberto Eco: "Baudolino"; une espèce de délire historico-légendaire, qui entraine le héros dans une traversée folle de l'Orient, pour aller à la rencontre du (mythique) prêtre Jean, sous la houlette de l'Empereur Frédéric Barberousse.

Pour cet ouvrage, Camille a cumulé les difficultés techniques. De fait tous ces problèmes ont été traités tantôt et rapportés ci-dessus dans ce blog, mais le challenge résidait plutôt dans le cumul de difficultés et leurs interactions inévitables.

L'ouvrage est à l'origine un livre broché, que Camille relie avec "dos arrondi" suivant la méthode "à fils noyés" déjà présentée dans ce blog.


Traité des Psaumes-Saint-Augustin
Le motif de la lettrine dérive d'une version initiale, inachevée, figurant dans le "Traité des Psaumes" de Saint Augustin , folio No 2 (XIème siècle). Ce dessin a été repris et adapté par de nombreux enlumineurs contemporains sous de multiples déclinaisons. La version de Camille est directement inspirée d'un modèle trouvé dans "Enluminures par Claudine" (https://www.flickr.com/photos/enluminuresparclaudine/albums/72157623915435647).

La lettrine "B" (comme Baudolino) est constituée d'abord d'une armature verte travaillée indépendamment en relief  dans du carton, puis formage sous émalène. Cette armature entoure, dans chaque lobe du B, une "flamme" constituée de plusieurs pièces de cuir de couleurs différentes, posées sur un fond d'or véritable. Après la pose, le fond d'or est repoussé vers la surface par la technique déjà présentée ici du "sertissage arrière" (technique aurélienne). L'ensemble avec l'armature est alors enchassé dans un décaissement léger du cuir de la couvrure.

Le dos reprend le thème des chimères de l'armature crachant deux flammes portant les titre et auteur de l'ouvrage. Les chimères sont formées en relief sur le dos comme des nerfs, les flammes étant collées sur le dos en léger décaissé dans la couvrure,

Les tranchefiles sont réalisées par de petites  bandes de cuir entourant un jonc.

Les garde-couleurs sont des papiers du commerce aux motifs rappelant le style de la lettrine.

Les nombreuses difficultés techniques de l'entreprise ont été plus ou moins bien résolues; mais n'en doutons pas, Camille aura beaucoup appris à cet ambitieux programme.