Qui sommes nous ?



*************** QUI SOMMES NOUS ?
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Nous sommes une association d'amateurs qui pratiquons la reliure pour notre propre plaisir. Notre local se situe à Draveil, au Village des Associations, 42, rue du Bout des Creuses.
Notre atelier est ouvert les Samedi matin (9h-12h) et après-midi (14h-17h), le Mardi matin et le Jeudi matin, et cela toute l'année.
Nous recevrons avec plaisir toute personne intéressée par la mise en valeur ou la sauvegarde des livres, pour connaître notre travail, nous voir à l'ouvrage, poser des questions, éventuellement s'inscrire à notre atelier, pourquoi pas ? ... cela à tout moment de l'année.
Donc à bientôt.........


Un mot du rédacteur en chef Camille
Ce blog est le blog de tous les Lieurs. Chacun peut y intervenir librement, insérer du texte, des photos,... Il n'y a pas de censure. Certes, on le constatera; la signature est le plus souvent celle de Camille...timidité ? réticence devant l'ordinateur ? Allez savoir ! Peu importe; qui a choisi le rôle de rédacteur se doit de l'assumer !
Mais là n'est pas mon propos. Rédacteur, certes, mais pas formateur. Dans mes articles, je présenterai des travaux d'adhérents. Je n'ai pas qualité pour les juger. Le choix des œuvres présentées ne résulte que de la bonne volonté des adhérents de me les confier pour les photos. Les remarques que j'y ferai ne reflètent que l'impression d'un quidam qui, certes, aime les beaux livres, mais sans compétence particulière sur le sujet de la reliure. Je me donne la position d'un journaliste, aucunement celle d'un spécialiste. Je tenais à préciser ce point, afin qu'il n'y ait pas de malentendu.




lundi 19 décembre 2022

Sortir de l'ordinaire...

..., on y est quelquefois contraint en raison des circonstances.  Philippe en a fait l'amère expérience, comme on le verra; mais il fallait y trouver une sortie, et quand on veut, on peut !

Plus anecdotique est le livre de Camille, dont on ne dira pas qu'il ne fait pas dans la dentelle. Si ! il le fait ! Lisez ...

 Philippe fait coup double...

...avec l'ouvrage ci-contre, qui n'a qu'un seul titre, mais dont il fait... deux livres. Bon ! rassurez vous ! si vous n'arrivez pas à lire les pages titre, ce n'est pas forcément que votre vue a baissé, c'est que le texte est écrit...en bulgare. Selon les dires du propriétaire, il s'agirait d'une "Vie des Saints", écrite dans un parler bulgare apparenté au "vieux slave". Ce livre peut être rapproché de l'ouvrage connu en France sous le titre : "La Légende dorée", écrit vers les années 1250 par  le chroniqueur archevêque de Gênes Jacques de Voragine, traduction de l'ouvrage italien "Legenda aurea"  .

Pourquoi deux livres qui n'en sont qu'un ? Cette particularité vient d'une petite (!!) difficulté rencontrée par Philippe lors de la reconstruction de son ouvrage. Après réparations, l'ensemble se trouvait pourvu de tant d'onglets que le dos se présentait deux fois plus épais que le corps du livre. D'où l'idée de le scinder en deux et d'associer les deux moitiés "dos à dos", de façon que les épaisseurs  excédentaires  se compensent. Les photos ci-après de l'ensemble fini, vues côté tête  permettent d'en comprendre le principe.

 

Ce type de construction dit de "livres siamois" a déjà été évoqué dans ce blog à la date du 25 Juillet 2021, sous le titre: "Des livres à double entrée",  illustré par des ouvrages extérieurs à notre atelier. Ici, la réalisation, entreprise par Philippe avec l'aide de Camille, a suivi les mêmes principes, qui se résument à la construction classique de deux livres ordinaires, sauf que les 2èmes plats de chacun ne font qu'un.

L'ensemble des trois vues ci-dessous montre d"abord, à gauche, la face qui est identique pour les deux parties. En fond la première partie du livre est vue de dos, mais le livre étant partiellement déplié, fait apparaître l'intérieur de la 2ème partie. En médaillon inférieur, la deuxième partie, également vue de dos, laisse apparaitre à  demi-ouvert l'intérieur de la première.

Sur les plats, les motifs byzantins dessinés par Philippe sont réalisés à l'aide de cartonnettes découpées au Laser, logées sous le cuir par pression à l'émalène. Les dorures ont été sous-traitées chez un doreur professionnel. 

L'art de la récup'

En ces temps de fin d'année, c'est souvent le moment des grands rangements, où réapparaissent des tas de bibelots auxquels on ne pensait plus. Alors pour ne pas les jeter, on les remet dans un "meilleur" endroit...où on les retrouvera sûrement l'année suivante.

Alors pourquoi ne pas s'en servir pour la décoration d'un livre ? Cette belle médaille, ou cette belle image ou, ou ou ...!!! Et justement j'ai un livre à faire; aucune idée de décor ! Et pourquoi pas cette médaille (de pacotille, s'entend) ? Hélas, quel dommage, ça ne va pas ! Un médaillon du palais de Buckingham sur "Les fleurs du mal", de Baudelaire ! Non, franchement ! Alors, on se décourage!  

NON il ne faut pas ! Cherchez l'erreur ? L'erreur c'est qu'il ne faut surtout pas vouloir adapter CE BIBELOT, ni celui-ci ni un autre, à CE LIVRE. Ca ne marche pas, ça ne marche jamais ! Car c'est tout le contraire; il faut trouver LE LIVRE qui ira à CE BIBELOT. Voyons, pour le Palais de Buckingham, j'ai bien un livre sur les têtes couronnées, ou un livre sur les plus beaux châteaux du monde, ou, ou, ou.... ou je peux en trouver un à vil prix !

Ce sont ces principes que Camille a retenus pour l'occasion. Des dentelles perdues, pourquoi pas sur un livre ? Justement, Un histoire de la broderie ! Ca colle ! On y va ! En plus, une déco facile (pour une fois), que demander de plus ?

 Le livre ci-contre devrait vous convaincre. Ces restes de dentelles cherchent un point de chute. ...Ah oui ! le livre de Mme Calmettes "Travaux féminins" (1905, essentiellement une petite histoire de la broderie), à la couverture triste, façon "deuxième prix de camaraderie de l'institution Sainte Marie"; c'est sûr, ça va le faire ! Ca le fait !

Pour la technique, rien à en dire ! quelques restes de cuir pour le dos et les remplis, un bout de papier fleuri pour les plats. Une chute d'un papier difficile à fourguer pour les gardes couleurs... 



Et les dentelles ? Ben oui, elles sont là, formant des liserés aux bords des cuirs, dans des logements prévus à cet effet. Une pièce de titre en plus, et voilà, c'est bon, c'est fini !

 

Ouaiai ! facile, dites vous ! Ouai !!..., d'accord ! ça fera pas pour un concours, mais quand même, dans ma bibliothèque, ça fait son petit effet !

dimanche 11 décembre 2022

Une pluie de reliures...

En cette fin d'automne, les reliures sortent comme des champignons; romans picaresques, récits autobiographiques, aventures sentimentales...tout est bon à croquer pour les Lieurs.

Don Quichotte de la Manche, la vie de Cervantès

Avec cette belle édition du célèbre Hidalgo, découpée en quatre parties, Pierre nous entraine, sous la plume de Cervantès, dans une suite échevelée d'aventures rocambolesques, fruits de la bonne volonté maladroite et de la naïveté confondante du héros. Moins lu en France que dans son pays d'origine, le roman a inscrit dans nos mémoires quelques anecdotes pittoresques; ainsi le combat du héros contre des moulins, qu'il prend pour des géants, ou contre des troupeaux de brebis, qu'il assimile à des armées en guerre.

En complément de cet ensemble, Pierre rajoute l'ouvrage basique de Mariano Tomas "La Vie de Cervantès", biographie de référence de l'écrivain, illustrée de nombreux fac-similés d'écrits et d'actes juridiques liés à son œuvre et à sa vie.

Pour la présentation de cet ensemble monumental, Pierre choisit un habillage uniformisé sur plein chagrin beige, comportant au premier plat de chaque volume un rectangle de cuir vert encadré d'un listel, chaque volume portant dans ce cadre un dessin différent inspiré d'une des illustrations intérieures.

Un deuxième cadre vert placé au dessus, bordé de baguettes de bois, rappelle en lettres dorées le titre de l'ouvrage. Titre, auteur et tomaison sont rappelés sur les dos, dorés en direct.

Les cadres porteurs de dessins sophistiqués constituent la principale originalité de ce travail, pour lesquels Pierre a mis en œuvre une technique de "dessin sur cuir" dont il est l'inventeur.


A la base, le dessin est réalisé à l'aide de fils de laiton soigneusement disposés sur le plat du livre, recouverts ensuite d'un cuir fin sous pression. De la sorte, le dessin se révèle en bosse, suffisamment net pour pouvoir être doré sur la crête, minutieusement, au pinceau.

 L'ouvrage "La vie de Cervantès" vient en complément de la série, et est réalisée en suivant les mêmes principes.

 

 

Souvenirs réels ou fantasmés

Christine nous propose deux ouvrages qui n'ont en commun que le procédé: le souvenir comme support du roman.

L'ouvrage de Colette "La maison de Claudine" est celui d'une "terrienne", qui a bien les deux pieds dans son terroir, et qui se remémore, dans une suite de 35 micro-nouvelles, l'univers d'une enfance simple mais heureuse dans sa maison de Saint-Sauveur-en-Puisaye. Peinture sensible de son entourage: père, mère, frère, sœurs...; impressions fugaces de l'enfance: rêves, rires, peurs..., un livre doux et apaisant.

Diamétralement opposé est l'ouvrage de Gérard de Nerval, qui en fait contient deux nouvelles: "Sylvie" et "Aurélia". Dans "Sylvie", c'est encore la mémoire qui est au centre du récit, mais une mémoire torturée, traversée des réminiscences de trois femmes. Entre Sylvie et Aurélie, n'aura-t-il pas finalement lâché la proie pour une ombre nommée Adrienne ? L'autre histoire "Aurélia" est une nouvelle restée inachevée à la mort de son auteur, où la mémoire de son Aurélia perdue l'entraîne dans une réflexion quasi-mystique sur le mélange du rêve et de la vie.

 

Pour l'ouvrage de Colette, Christine confectionne un demi-chagrin bordeaux à cinq nerfs et papier, style classique des débuts XXème. 

Les plats sont illustrés d'un papier fleuri aux teintes douces, que n'aurait pas désavoué l'auteur, le premier plat portant son nom en lettres de cuir découpées.

L'ouvrage de Gérard de Nerval est traité de même sous la forme d'un demi-chagrin noir à 5 nerfs, avec un décor cuir et papier assemblés en rosace. Les couleurs choisies pour ces matériaux constituent un bel assortiment chromatique.

Les parties "papier" des deux plats sont d'ailleurs reprises à l'intérieur de l'ouvrage au titre des gardes couleurs, confortant ainsi l'aspect "suranné" de l'ouvrage.

 

Colette, encore..., avec Claude


C'est une autre Colette que nous offre Claude avec ce récit des  années folles "Chéri", époque où les courtisanes régnaient sur un monde d'homme-enfants souvent trop gâtés mais quelquefois fragiles. Léa est l'une d'elles, mais son amour avec Chéri, tellement plus jeune qu'elle, ne résistera pas aux ravages du temps, si cruel pour des femmes qui, en cette époque, n'ont pas encore pris leur véritable émancipation.

Claude habille cet ouvrage d'un assemblage basane bleue/ basane verte, couleurs que l'on retrouve alternées au niveau titre/auteur; titre vert sur fond bleu, auteur bleu sur fond vert.

Une évocation du couple Léa/Chéri est esquissée sur le premier plat en utilisant la technique créée par notre ami lieur: Pierre, technique dont le principe a été explicité ci-dessus (v. Don Quichotte, en tête de cet article). Les gardes couleurs dessinent un semis de "paons" véritablement flamboyant.

Le titre au dos est inséré dans des alvéoles ménagées dans une cartonnette. Titre et alvéoles sont découpés au Laser, ce qui permet une grande liberté dans les styles. Une innovation qui mérite d'être approfondie


mardi 22 novembre 2022

Novembre: le Lieur nouveau est arrivé...

 Raymond donne dans la (dive) bouteille !

 

 Fréres Lieurs qui de grande habitude, lisant ce blog, vous ébaudissez devant tant d’œuvres de haute qualité, ne bouderez point les deux livres que nous propose Maitre Raymond, et dont vous eûtes tous quelque entendement dans votre enfance.



Ainsi vous remembrerez vous aisément sous les patronymes Gargantua et Pantagruel, les aventures foutraques et croquignolesques des deux géants de Rabelais, mais aussi dissimulant sous la cape moult leçons de sapience et d’humanisme.

 Sur ces deux livres, Maître Raymond  besogna longuement, afin que le produit en fut formé à meilleure perfection ; ces livres étant originalement produits de l’industrie, formés sans cahiers ni couture, de sorte qu’il fallut recourir à ce nouveau savoir, maintes fois démontré ici même, et usuellement qualifié de « méthode à fils noyés ».

 

 Disons que pour la robe fut levée une pièce d’un tiers d’une aune en largeur pour un quart en hauteur dans cette peau du mouton appelée basane, sous laquelle fut glissé un profil carton en forme tantôt d’un flacon, tantôt d’une cruche, formant relief, pour ce faire que la « dive bouteille » rappelât la propension naturelle des héros.

Sur les dos furent ménagés cinq nerfs formant cellules semblables, dans lesquelles auteur et titres furent dorés par les soins de Raymond et son compère en maltraitement de livres,  le sieur Camille, sur fines pièces de couleur verte, et qui d’un avis partagé par iceux finissent mignonnement le travail.

Edmond met les femmes à l'honneur...

 ...toutes les femmes, des plus romantiques et les plus discrètes aux véritables rebelles, féministes avant l'heure; on en jugera.

La Reine au sourire.

C'est un conte de fées historique qui nous attend avec cet ouvrage de l'écrivaine belge Jeanne Cappe, à savoir l'histoire merveilleuse (nonobstant sa fin tragique dans un accident de la route), de la princesse Astrid de Suède, devenue Reine des Belges en 1934 par son mariage avec le prince héritier Léopold de Belgique, futur Roi des Belges Léopold III; la "Reine au sourire"

Du récit on retiendra surtout l'humanité et la générosité de cette Reine, dévouée à sa famille, à son peuple d'adoption, et à tous les enfants du monde.

Pour illustrer cette femme de légende, Edmond opte pour un plein chagrin d'un bleu très doux, retourné intérieurement pour former la charnière. Le contre-plat de cuir inversé, au contact velouté,  renforce l'effet de douceur qui donne le ton de cet ouvrage. 

Le décor évoque un vol d'oiseaux sur un fond de ciel marin; peut-être les oies de Niels Holgersson revenues pour la princesse de sa Suède natale, peut être les âmes de tous les enfants qui souffrent...

Mademoiselle de Maupin

 

Le roman de Théophile Gautier "Mademoiselle de Maupin" nous conte la vie d'une femme imaginaire qui n'hésitera pas à se travestir pour comprendre le fonctionnement des hommes vis à vis des femmes. Cette stratégie l'entraînera dans des aventures ambigües, allant de l'amour véritable à l'homosexualité non assumée, et sutout à une réflexion profonde sur le sens de la beauté, de l'art et de la condition féminine.

 

Edmond habille cet ouvrage d'un chagrin vert à 6 nerfs, incrusté en damier de petits carrés de peau plus foncés recevant chacun en leur centre un motif floral doré à l'or fin.

Côté contre-plats, Edmond reprend le principe de la peau inversée et veloutée, indépendante de la garde couleur papier qui lui fait face. 

Comme toujours, Edmond réalise lui-même tant les dorures, titres et motifs, à l'or véritable, que les garde couleurs à la cuve, ce qui au total représente pour chaque ouvrage un investissement non négligeable.