Gilbert restaure le Pont Neuf...
...enfin ce livre sur le Pont Neuf , en deux tomes, écrit par Edouard Fournier (1865), et consacré à l'histoire de ce bel ouvrage parisien.L'enjeu
consistait à rénover les deux tomes, initialement brochés, cependant
quelque peu "explosés". Pour ce genre d'ouvrage, Gilbert choisit la
reconstruction "au plus près", ce qui nous éloigne un peu
de la reliure classique, et nous rapproche de la restauration.
Quel mode de couture choisir ? Le technique utilisée par Gilbert est une version proche de la reliure copte, initialement proposée par Camille (cf "Restauration-livres-camille.blogspot.fr", "Des livres brochés..." 13 Mars 2013), utilisée ensuite par plusieurs Lieurs. Pour résumer, les cahiers sont cousus en séquence, sans cousoir, chacun étant cousu sur celui qui précède.
Quel mode de couverture choisir? Gilbert tient à respecter avec rigueur l'aspect initial de l'ouvrage. Chaque couverture souple est reconstituée au plus près de son aspect initial. Les dos sont recomposés sur ordinateur. Les plats, qui ont été récupérés, sont assemblés avec les dos sur un papier fort.
La couverture ainsi reconstruite, munie d'un faux dos, est ensuite emboitée sur l'ouvrage cousu, collée sur les débords de la mousseline.
Afin de réunir les deux ouvrages dans une structure rigide, Gilbert construit un étui en carton, habillé d'un papier à fleurs, simple mais suffisant.
Des enfoncements prévus sur les deux faces principales permettent de loger deux gravures anciennes représentant le pont au cours de son histoire.
Gilbert
est un homme très méthodique, se donne un objectif, soigne les détails,
multiplie les essais..., au final, le contrat est rempli.
Un challenge pour Christine; le montage sur onglets
Christine aime les challenges; elle l'a montré maintes fois. Depuis la reliure mérovingienne, le livre à pop-up, jusqu'aux couvrures les plus invraisemblables (toile de Jouy, rubans entrelacés, dentelle de fer...) etc...
Cette fois, c'est un ensemble de gravures qui lui aura fourni l'occasion de prospecter une nouvelle technique: le montage sur onglets. S'agissant en plus d'estampes japonaises, elle ne saura désavouer ce proverbe japonais (référence: https://lesitedujapon.com/proverbe-japonais/ )" La détermination d’une femme peut percer un rocher"
Le montage sur onglets est la technique appropriée pour rassembler, soit des gravures indépendantes, soit des journaux; d'une manière générale des documents qui demandent à être consultés "à plat": collection de peintures, cartes géographiques, photographies double-page, etc...
Très grossièrement,le principe consiste à prolonger chaque page d'un onglet replié en accordéon autant de fois que nécessaire pour lui conférer l'épaisseur de la feuille. L'ensemble est cousu normalement en fonds d'onglets.
Pour cet ouvrage d'estampes japonaises, rassemblées par Richard Gilling, Christine applique la recette avec succès, et réalise ainsi un beau livre d'images parfaitement consultables "à plat". La couvrure est prélevée dans un véritable obi de soie noire - Japon oblige - qui donne à l'ouvrage un ton chatoyant. Chaque plat comporte un décaissement rectangulaire où vient se loger une gravure extraite de la couverture d'origine.Christine réalise elle-même les titres au film or, au premier plat et au dos, titres parfaitement mis en valeur sur le fond noir.
Les gardes-couleurs dans les tons noirs et les gardes blanches bordées de frises également noires respectent un parti-pris délibéré de neutralité chromatique par rapport aux gravures.Au final, un beau document, et un nouveau savoir-faire dans l'atelier des Lieurs.
Merci Camille pour ces commentaires si bien détaillés !
RépondreSupprimerparenthèses :la galette était trop bonne !!!.Christine.