Les rues de Paris
On est à l'époque de la photographie en noir et blanc, donc point de couleurs. C'est donc en noir et blanc, avec des nuances de gris, que Christine a choisi d'habiller l'ouvrage, extérieurement comme intérieurement.
L'habillage est traité essentiellement dans un buffle noir à gros grains, avec un dos à trois nerfs qui rappelle un peu la facture classique des livres de cette époque.
Le premier plat, ci-dessus à droite, est une création originale de notre amie. Cet entrelaçage de rubans, elle en rêvait; elle l'a fait ! On notera les trois nuances de rubans: blanc, gris, noir, entrecroisés suivant un motif en damier savamment composé.
Les photos ci-contre, que l'on pourra agrandir (cliquer dessus), permettent d'observer de plus près les détails. On retrouve en agrandi le laçage de rubans, à gauche, puis à droite un semis de feuilles de vigne sur le cuir du 1er plat (avec un rappel au centre du 2ème plat) qui nous rappelle qu'il y eut toujours des vignes dans Paris.
Au dessous, à gauche, le titre de l'ouvrage se présente comme une plaque de rue typique de la capitale. A droite, le papier de garde, création originale de notre relieuse, respecte la tonalité noir-gris-blanc de l'ouvrage.
Ce papier, de fait, a été élaboré suivant la technique dite du "papier à la colle". Le principe en a été rappelé dans l'article du 6 Avril 2018 ... où l'on retrouve notre amie faisant son apprentissage de cette technique. On voit qu'elle n'a guère tardé à mettre en œuvre un savoir fraîchement acquis.
La fermeture
L'ouvrage ci-contre: "La fermeture", d'Alphonse Boudard, est en fait une critique en règle de la loi de 1946 dite "Loi Marthe Richard", qui décréta la fermeture des "maisons closes", alors florissantes dans l'hexagone. Bien que cette loi ait frappé tout le territoire, c'est principalement vers les grandes "maisons de passe" de Paris "le Chabanais", "Le Sphinx", "Le One Two Two" que nous entraîne l'auteur, ce qui explique le classement de cet ouvrage sous le titre des rues de Paris.
Ce titre a inspiré Camille pour un habillage basé sur l'image d'une porte close.
La reliure (photos ci-dessus) se présente ainsi sous l'aspect d'un immeuble "haussmanien", dont la porte principale est condamnée par une chaîne. La toile grège qui recouvre l'ensemble de l'ouvrage simule une façade simplement crépie, sur laquelle se détache la porte qui en est l'élément principal.
La porte et son entourage sont "sculptés" dans un empilage de cartons recouverts, pour la porte, d'un cuir carmin lisse simulant un bois peint, pour l'entourage, d'une feuille de plastique simulant un marbre. Le modelage précis des éléments est obtenu par pression sous émalène.
Les photos ci-contre précisent quelques détails du décor (cliquer dessus pour agrandir). Les titres sur le plat et au dos sont traités dans le style de plaques de rue, par dorure au ruban blanc sur fond de cuir bleu. La chaîne de fermeture est prélevée dans un simple cordon doré.
Un détail particulier concernant cet ouvrage, non visible sur les photos, réside dans la construction de la reliure, le livre étant initialement un livre broché, donc non cousu.
La méthode a été suggérée par F. Voignier, professeur de dorure à Viry-Chatillon. Les feuilles du livre sont d'abord séparées par chauffage au "micro-ondes", puis soigneusement nettoyées. Une moitié de ces feuilles est ensuite recoupée en largeur sur environ 2mm, par paires alternées: 2 coupées, 2entières, 2 coupées etc... Les feuilles sont ensuite rassemblées par groupes de 4 à l'aide d'un seul onglet, suivant le schéma représenté ci-dessus. L'ensemble des cahiers ainsi formés peut alors être cousu suivant une méthode standard, comme ici, à la ficelle. L'intérêt de cette méthode est que l'utilisation d'un seul onglet par cahier diminue d'un facteur 2 la "montée" du dos lors de la couture. De plus, le fil de couture se logeant naturellement en fond de cahier (voir croquis) autorise l'usage d'un fil moyen, par ex. de taille 20 normalisée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire