La mosaïque de cuir est un peu le graal de la reliure, de par le soin et l'exigence de précision qu'elle implique. Nos deux Lieurs Christine et Edmond s'y sont collés, pour deux ouvrages classiques de la littérature. Leurs réalisations sont relatées ci-dessous; au lecteur de juger s'ils ont été à la hauteur.
Le Lion
"Le Lion" est un livre "iconique" de Joseph Kessel, paru en 1958, où l'auteur, grand voyageur, montre sa sensibilité aux animaux comme aux humains des autres cultures.
Le roman: Patricia, fillette de 10 ans et fille du Directeur d'une réserve d'animaux au Kenya, ayant apprivoisé un lionceau devenu lion, se heurtera à la tradition Masaï, qui veut qu'un homme n'est devenu adulte qu'après avoir tué son premier fauve. Quand il faudra choisir entre l'homme et le lion, c'est le lion qu'elle voudra sauver....mais....
Au delà de l'anecdote, Kessel donne à cette enfant une maturité qui reflète sans aucun doute la sensibilité de l'auteur: "Les noirs, c’est autre chose. C’est juste. Ils vivent avec les bêtes… Ils n’ont pas plus d’armes que les bêtes. Mais les blancs, avec leurs gros fusils, c’est pour s’amuser..."
Pour la couvrure de cette ouvrage, un lion magnifique s'imposait...
... et c'est vrai qu'il est magnifique, ce lion puzzle en mosaïque de cuir. Le jeu des couleurs choisies suffit à créer un véritable modelé faisant jaillir le museau hors de la surface, de manière saisissante.
La précision d'assemblage est au rendez-vous, malgré un nombre incalculable de pièces à découper et à assembler. Un vrai travail de patience, et pour Christine un nouveau pari (on a l'habitude)... Pari gagné ?
Le deuxième plat, plus simple, reprend les couleurs du lion, sous la forme de bandes parallèles alternées. L'ensemble affiche en définitive une belle harmonie chromatique.
Le petit chose
Ce roman d'Alphonse Daudet, sous-titré « histoire d’un enfant » (1868), est le récit autobiographique d'une enfance perturbée, mais qui fera le terreau de l'adulte sensible et généreux que l'on connait.
Poète, rêveur dans son être, mais dans son entourage bousculé, malmené, trompé.. il connaitra l’amitié mais aussi la trahison, la cruauté, la réussite et la désillusion, l’amour mais aussi la tromperie, toutes aventures qu’il traversera en se laissant porter par la tendresse de son frère.
Dans ce cheminement jusqu'à son age adulte, il restera un enfant : « le petit chose »...
...et c'est un enfant rêveur qu'Edmond nous présente au premier plat, dans une mosaïque de cuir savamment composée.
Dans un beau cuir bordeaux, la figurine du héros apparait en incrustation au centre du premier plat. Le dessin minimaliste mais suffisant, c'est le visage d'un enfant qui s'interroge sur son devenir; on est dans le vrai.
Pour le reste, Edmond utilise tous les savoirs qu'il a accumulés au cours du temps: contre-plats veloutés avec charnières, gardes volantes "à la cuve" "maison", comme les tranchefiles en bandes de cuir, comme les dorures à la feuille d'or; de l'Edmond que l'on connait.
Absolument superbe!!!!
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