Qui sommes nous ?



*************** QUI SOMMES NOUS ?
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Nous sommes une association d'amateurs qui pratiquons la reliure pour notre propre plaisir. Notre local se situe à Draveil, au Village des Associations, 42, rue du Bout des Creuses.
Notre atelier est ouvert les Samedi matin (9h-12h) et après-midi (14h-17h), le Mardi matin et le Jeudi matin, et cela toute l'année.
Nous recevrons avec plaisir toute personne intéressée par la mise en valeur ou la sauvegarde des livres, pour connaître notre travail, nous voir à l'ouvrage, poser des questions, éventuellement s'inscrire à notre atelier, pourquoi pas ? ... cela à tout moment de l'année.
Donc à bientôt.........


Un mot du rédacteur en chef Camille
Ce blog est le blog de tous les Lieurs. Chacun peut y intervenir librement, insérer du texte, des photos,... Il n'y a pas de censure. Certes, on le constatera; la signature est le plus souvent celle de Camille...timidité ? réticence devant l'ordinateur ? Allez savoir ! Peu importe; qui a choisi le rôle de rédacteur se doit de l'assumer !
Mais là n'est pas mon propos. Rédacteur, certes, mais pas formateur. Dans mes articles, je présenterai des travaux d'adhérents. Je n'ai pas qualité pour les juger. Le choix des œuvres présentées ne résulte que de la bonne volonté des adhérents de me les confier pour les photos. Les remarques que j'y ferai ne reflètent que l'impression d'un quidam qui, certes, aime les beaux livres, mais sans compétence particulière sur le sujet de la reliure. Je me donne la position d'un journaliste, aucunement celle d'un spécialiste. Je tenais à préciser ce point, afin qu'il n'y ait pas de malentendu.




dimanche 6 octobre 2024

Patrick et Camille en plein vol...

 ...de nuit. Et c'est bien du célèbre ouvrage de Saint-Exupéry qu'il s'agit, et qui faisait l'objet du concours de Reliure d'Art de Saint Rémy-les-Chevreuse, édition 2024. Les Lieurs Patrick et Camille s'y sont attelés, et même s'ils n'ont pas été primés, ils n'ont pas démérité.

 Le thème de l'ouvrage est bien connu. Rivière, chef d'une compagnie aéropostale, mesure très bien le risque d'envoyer ses pilotes voler de nuit, malgré le danger. Ce jour là, une équipe ne revient pas, prise dans un cyclone. Faut-il envoyer l'équipe suivante ? le service du courrier en vaut-il la chandelle ?

Le concours a produit cette année de belles reliures, que l'on a pu admirer lors des journées de la Biennale du 18 au 22 Septembre derniers. On peut seulement regretter que le vrai sujet, celui de la responsabilité du chef, n'ait été endossé que par une poignée de relieurs, au bénéfice d'innombrables représentations de l'avion dans la tourmente, voire d'avions tout court, ou même de décor libre. La question n'est pas nouvelle; une reliure doit-elle évoquer le thème du livre ? fidèlement ? symboliquement ? pas du tout ? A chacun sa réponse...

Aussi bien Patrick que Camille y donneront une réponse semblable, celle de l'avion dans la tourmente.

En toile de fond, Patrick pose un chagrin noir, noir comme la nuit; l'avion étant symbolisé au premier plat par une hélice au centre d'une ellipse. 

 

Des éclairs ultra-schématisés sont incrustés en mosaïque plane dans le fond de ciel. Le deuxième plat est également traité suivant une zébrure orange sur le fond noir.

Sur le premier plat, un titre en vertical est formé par des lettres en relief sur une bande jaune incrustée dans la couvrure. 

Le dos à 5 nerfs de style classique porte outre les mentions de titre et auteur, de jolis fleurons au centre des caissons.

Les tranchefiles tissées de fils de soie montés sur bâtonnets achèvent la construction de l'ensemble.


 Camille de son côté choisit une thématique de montagnes enneigées sur fond de ciel orageux. 

La base de la couvrure est un cuir ciré blanc couvrant toute la surface. En partie basse, des formes de rochers gris/noirs sont collées sur cette base blanche. Une couche de cuir supplémentaire marron foncé (la nuit), traversée de fentes formant les éclairs, est collée en partie haute sur le cuir blanc. Dans les deux cas, une pression arrière fait ressortir, en bas, la neige autour des rochers, en haut les éclairs dans le ciel (technique originale appelée par Camille "sertissage arrière" ou "aurélienne"; voir les articles antérieurs à ce sujet).


 Les garde-couleurs sont des peintures sur Canson schématisant des montagnes dans la nuit.

Sur le premier plat, 'un macaron vert serti dans une bague précise l'identification  complete de l'ouvrage, titre et auteur, en lettres dorées à l'oeser.

Le titrage au dos est traité suivant  la même technique que sur les plats, par "sertissage arrière".

Les tranchefiles sont faites d'une chaînette dorée cousue sur un ruban.

Et voilà ! ni Patrick ni Camille n'ont été primés. Mais tous les lieurs seront unanimes; c'est une injustice manifeste ! Quel jury ? De quoi y voir des soupçons de corruption ?

lundi 23 septembre 2024

 De la reliure de plus en plus timbrée...

Christine nous propose aujourd'hui ce petit ouvrage en forme d'une lettre (timbrée) : "Le poète" de Reiner Maria Rilke. Dans ce livre, Rilke, poète autrichien de fin XIXème-début XXéme, tente d’expliquer à un autre et jeune poète, sa démarche personnelle dans son travail de création.

De son point de vue, le poète ne devrait en rien poursuivre un objectif, ni se soucier de plaire, ni même d’être lu : « s’il ne peut y avoir rien de commun entre les hommes et vous, essayez de vous approcher des choses ». 

Pour le poète, le moteur de la création serait alors de libérer sa propre sensibilité aux moindres détails de la vie, et de la laisser s'exprimer: « ..des évènements insignifiants…,ils font signe et le vers les enjambe et les continue dans l’éternel ».


Pour ce qui est de la reliure, Christine nous étonne une fois de plus par son approche créative, inventive et originale qui est sa marque de fabrique. Ainsi, l'ouvrage de Rilke prend ici la forme d’une lettre, qui s’ouvre et se referme comme il en serait d'une vraie.

L'enveloppe est réalisée séparément du texte dans un cuir bordeaux, suivant la forme rectangulaire d'une lettre, avec son échancrure et son rabat. Le corps du texte est alors assemblé à l'intérieur de cette enveloppe par simple emboitage.

L'ouverture de l'enveloppe fait apparaitre à l'intérieur un papier flamboyant formant "page de garde", réalisé par notre amie suivant la technique du papier à la colle. Un système original de fermeture à base d’œillets permet de maintenir l'enveloppe fermée.

Les titres réalisés par Christine  à l'oeser sont astucieusement disposés, clin d'oeil à un courrier véritable, où le destinataire est inscrit en face avant, l'envoyeur étant rappelé au sommet de la face arrière; cela sans oublier le timbre collé au coin supérieur droit.

Ne boudons pas notre plaisir, ce travail est une belle réussite, et une vraie reliure de création. Bravo !

Le Paris des potins

Claude nous propose ce livre édité en 1933, "La vie parisienne sous le Second Empire", sous la plume de H. D'Alméras, ouvrage que l’on pourrait classer dans la genre  « histoire anecdotique », au même titre que les oeuvres du Docteur Cabanès avant lui, et de bien d’autres jusqu’à nos jours. 

On y rencontre, outre une évocation sans complaisance de l’Empereur et  l’Impératrice, pêle-mêle une foule de diversions sous tous les aspects de la vie parisienne de l’époque: la mode, les grands magasins (tel celui qui affiche "Confection d'enfants au plus juste prix" !), la Cour, les bonimenteurs des boulevards (Salamandrius, l’homme réputé incombustible jusqu’’à….l'accident !!), les mondaines et demi-mondaines, la mode du spiritisme, les restaurants, cafés, théâtres, et tout ce qui peut paraître « rigolboche » (néologisme né d’une publication de l’époque : « les mémoires de Rigolboche »), autant de faits divers aussi anecdotiques qu’insignifiants.

 

 


Claude  habille ce volume léger d’une demi toile et papier avec coins, évidemment dans les tons roses comme il convient pour cet ouvrage badin. Un encart ovale y est ménagé pour y loger une image féminine qui pourrait être une femme du monde, ou aussi bien une « cocodette » (qui, selon l’auteur n’est pas une "grisette" ni une "merveilleuse" mais est à la cocotte, ce que l’amateur est au professionnel » ).

 De curieuses tranchefiles originales, roulées dans la toile de couvrure, un titrage au dos réalisé par le relieur, complètent cette reliure coquette d’un livre léger comme une sucrerie de fête foraine.

 L'Océan gagne toujours...

C'est un ouvrage classique que nous propose Claude: "Pêcheur d'Islande", de Pierre Loti, ouvrage "iconique" des amoureux de la mer. Le récit est celui de Yann, jeune homme engagé au début comme matelot sur le morutier de Paimpol « La Marie". 

« … un de ces jours, je ferai mes noces…mais ce sera avec la mer ».

 Hélas, quelques saisons plus tard, à bord de « La Léopoldine », ce terrible présage trouvera malheureusement un écho:

« Une nuit d’Aout, là bas… au milieu d’un grand bruit de fureur, avaient été célébrées ses noces avec la mer ». Telle sera la phrase qui refermera le récit. 

 Entre temps, Yann aura connu la vie de la Bretagne (les « pardons »), celle des marins surtout, le mariage et la femme que l’on laisse au p
ort, mais aussi l’omniprésence de la mer, qui est aussi celle de la mort (Sylvestre, son ami, et tant d’autres), …

Claude traite cet ouvrage dans une suédine ocre pleine peau, dans laquelle sont ménagés des décaissements portant titrage et décoration.

Le décor, réalisé en mosaïque de cuir sur le fond jaune, évoque la mer, les bateaux avec leurs forêts de mats et de cordages, image reprise en simplifié d'une des gravures intérieures de l'ouvrage.

Sur la première de couverture, les éléments de titre réalisés en lettres de cuir noir (découpe Laser)  sont logés dans des décaissements spéciaux qui les préservent des manipulations. Des pièces de titre de même couleur au dos reprennent le titrage complet, grâce à un travail de dorure parfaitement réalisé par notre ami.  

jeudi 22 août 2024

Une vraie diplomée, deux faux médecins et un vrai malade...


Marie-Laure passe un cap…

…certainement un cap dans sa vie de relieu(r)(se), un cap, enfin LE C.A.P., CERTIFICAT D’APTITUDE PROFESSIONNELLE * ; oui, vous avez bien lu, un lieur de Sénart a le C.A.P. ; quelle promotion pour notre atelier !!


Dans C.A.P., tous les mots pèsent lourd.

     CERTIFICAT ; donc c’est du sérieux ! garanti par l’état ! Aucune contestation possible...

     APTITUDE ; donc elle est apte, apte à relier, sans rater une coiffe, sans faux pli dans les mors….on rêve !

     PROFESSIONNELLE ; donc prête à ouvrir son atelier :  «Au livre enchanté », « Le cousoir magique»…  à quand l’ouverture ?

Ouaouh ! les Lieurs de Sénart vont  se sentir tout petits !

Enfin, certains l’ont rencontrée depuis ; sa tête n’avait pas enflé, ses chevilles non plus. Ils ne nous l’ont pas abimée. Ouf ! Tout va bien !

* Et avec mention s’il vous plait. Assez bien, pour nous, c’est déjà très bien.

P.S. Elle obtient aussi le 1er prix de la 2ème année aux ateliers de reliure du Vésinet. Coup double. Où s’arrêtera-t-elle ?

 

 « Le médecin malgré lui » et "le médecin volant"

 Le médecin malgré lui . « …potarimum, potsa milus, voilà pourquoi votre fille est muette » Cette expression sans queue ni tête, passée dans le langage courant, donne le ton de cette pièce, où le bucheron Sganarelle se voit propulsé éminent médecin afin de piéger Géronte, dont la fille, qui veut épouser Léandre, et non le vieil (et richissime) Horace,  fait mine d’être muette. Sur ce schéma, le déroulé de l’histoire n’est que duperies, fourberies, farces rocambolesques, que Molière affectionne. 

« Le médecin volant » est une œuvre antérieure, mais qui en contient certains prémisses. On y retrouve le rôle du père, Gorgibus, qui veut forcer sa fille à un mariage qui ne lui plait pas, et Sganarelle, à nouveau faux médecin, instrument d’un stratagème visant à convaincre Gorgibus de céder. Entre autres péripéties, Sganarelle doit faire croire à l’existence d’un double jumeau, et donc « voler », via une fenêtre, pour changer d’apparence en un clin d’œil.

Ces deux pièces regroupées en un seul volume, illustrées d’une manière faussement brouillonne par Mario Fo, sont traitées par Christine d’une manière inventive et brillante.


Le premier plat se déplie en lever de rideau, et combine de nombreux savoir-faire (acquis et perfectionnés au cours du temps ; voir les ouvrages antérieurs de Christine dans ce blog): titre doré au crayon thermique (pas si facile à manier, ndlr), nom de l’illustrateur en relief et dans deux médaillons sophistiqués, rideau plissé articulé sur le plat; tout cela représente un travail complexe et requérant certainement une mise au point délicate et de multiples essais.

Le reste est plus simple mais ne dépare pas l’ouvrage. La double épaisseur du premier plat est reprise au deuxième plat pour une cohérence d’ensemble ; les gardes-couleurs reprennent le  rouge feutré du rideau, ou peut-être aussi celui des fauteuils du théâtre.

On est bien dans la reliure de création, qui autorise tout, à condition que ce soit (beau, bien sûr) mais surtout techniquement maîtrisé.

 

 

"Les souffrances du jeune Werther"

C’est encore un titre célèbre de la littérature que nous propose Christine : « Werther », de Goethe, plus connu sous le titre « Les souffrances du jeune Werther » (1775). 

Werther est épris de Charlotte, mais Charlotte est déjà fiancée. Ah, le pauvre homme, condamné à tourner et retourner le problème en tous sens sans trouver d’autre solution…que la mort. Aujourd’hui, l’outrance du style (ndlr) fait qu’on peut avoir du mal à compatir à ces longs questionnements intérieurs, mais il faut replacer le roman dans le cadre de l’histoire de la littérature, et en particulier du romantisme allemand, précurseur d’un style qui conduira chez nous à Lamartine, Hugo,etc...

 Christine présente ce roman dans un demi cuir noir prolongé de gris (ça allait de soi) ; noir comme les pensées de Werther, gris comme son univers. 

Le plus curieux est sans doute dans ces arabesques en relief, torturées comme l’âme du personnage, ou comme des points d'interrogation qui nous disent les questionnements du personnage.

Les gardes-couleurs orange remettent un peu de soleil dans cette grisaille. Entre autres "fantaisies", on notera le titre en lettres relief rapporté sur la première garde volante, ce qui évite de les arracher dans la manipulation du livre.