En cette fin d'automne, les reliures sortent comme des champignons; romans picaresques, récits autobiographiques, aventures sentimentales...tout est bon à croquer pour les Lieurs.
Don Quichotte de la Manche, la vie de Cervantès
En complément de cet ensemble, Pierre rajoute l'ouvrage basique de Mariano Tomas "La Vie de Cervantès", biographie de référence de l'écrivain, illustrée de nombreux fac-similés d'écrits et d'actes juridiques liés à son œuvre et à sa vie.
Pour la présentation de cet ensemble monumental, Pierre choisit un habillage uniformisé sur plein chagrin beige, comportant au premier plat de chaque volume un rectangle de cuir vert encadré d'un listel, chaque volume portant dans ce cadre un dessin différent inspiré d'une des illustrations intérieures.Un deuxième cadre vert placé au dessus, bordé de baguettes de bois, rappelle en lettres dorées le titre de l'ouvrage. Titre, auteur et tomaison sont rappelés sur les dos, dorés en direct.Les cadres porteurs de dessins sophistiqués constituent la principale originalité de ce travail, pour lesquels Pierre a mis en œuvre une technique de "dessin sur cuir" dont il est l'inventeur.
A la base, le dessin est réalisé à l'aide de fils de laiton soigneusement disposés sur le plat du livre, recouverts ensuite d'un cuir fin sous pression. De la sorte, le dessin se révèle en bosse, suffisamment net pour pouvoir être doré sur la crête, minutieusement, au pinceau.
L'ouvrage "La vie de Cervantès" vient en complément de la série, et est réalisée en suivant les mêmes principes.
Souvenirs réels ou fantasmés
Christine nous propose deux ouvrages qui n'ont en commun que le procédé: le souvenir comme support du roman.
L'ouvrage de Colette "La maison de Claudine" est celui d'une "terrienne", qui a bien les deux pieds dans son terroir, et qui se remémore, dans une suite de 35 micro-nouvelles, l'univers d'une enfance simple mais heureuse dans sa maison de Saint-Sauveur-en-Puisaye. Peinture sensible de son entourage: père, mère, frère, sœurs...; impressions fugaces de l'enfance: rêves, rires, peurs..., un livre doux et apaisant.Diamétralement opposé est l'ouvrage de Gérard de Nerval, qui en fait contient deux nouvelles: "Sylvie" et "Aurélia". Dans "Sylvie", c'est encore la mémoire qui est au centre du récit, mais une mémoire torturée, traversée des réminiscences de trois femmes. Entre Sylvie et Aurélie, n'aura-t-il pas finalement lâché la proie pour une ombre nommée Adrienne ? L'autre histoire "Aurélia" est une nouvelle restée inachevée à la mort de son auteur, où la mémoire de son Aurélia perdue l'entraîne dans une réflexion quasi-mystique sur le mélange du rêve et de la vie.
Pour l'ouvrage de Colette, Christine confectionne un demi-chagrin bordeaux à cinq nerfs et papier, style classique des débuts XXème.
Les plats sont illustrés d'un papier fleuri aux teintes douces, que n'aurait pas désavoué l'auteur, le premier plat portant son nom en lettres de cuir découpées.
L'ouvrage de Gérard de Nerval est traité de même sous la forme d'un demi-chagrin noir à 5 nerfs, avec un décor cuir et papier assemblés en rosace. Les couleurs choisies pour ces matériaux constituent un bel assortiment chromatique.Les parties "papier" des deux plats sont d'ailleurs reprises à l'intérieur de l'ouvrage au titre des gardes couleurs, confortant ainsi l'aspect "suranné" de l'ouvrage.
Colette, encore..., avec Claude
C'est une autre Colette que nous offre Claude avec ce récit des années folles "Chéri", époque où les courtisanes régnaient sur un monde d'homme-enfants souvent trop gâtés mais quelquefois fragiles. Léa est l'une d'elles, mais son amour avec Chéri, tellement plus jeune qu'elle, ne résistera pas aux ravages du temps, si cruel pour des femmes qui, en cette époque, n'ont pas encore pris leur véritable émancipation.
Une évocation du couple Léa/Chéri est esquissée sur le premier plat en utilisant la technique créée par notre ami lieur: Pierre, technique dont le principe a été explicité ci-dessus (v. Don Quichotte, en tête de cet article). Les gardes couleurs dessinent un semis de "paons" véritablement flamboyant.
Le titre au dos est inséré dans des alvéoles ménagées dans une cartonnette. Titre et alvéoles sont découpés au Laser, ce qui permet une grande liberté dans les styles. Une innovation qui mérite d'être approfondie
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