S'il est un problème qui ressort de plus en plus fréquemment, c'est le problème des livres brochés, au sens que ce mot a aujourd'hui. Rappelons à ce propos que le terme "broché" était utilisé jusque vers les années 1960 pour des livres à cahiers, sommairement cousus, à couverture papier (reliures souvent qualifiées de "reliures d'attente"), et qui, de ce fait, attendaient...d'être reliés !
Aujourd'hui, de tels livres ne sont plus fabriqués et le terme "broché" s'applique à des livres non formés de cahiers, à couverture souple, assemblés par simple encollage du dos. La plupart des livres édités aujourd'hui sont de ce type, le terme "relié" étant réservé aux exemplaires à couverture dure.
Le problème des ouvrages brochés d'aujourd'hui est qu'ils ne peuvent plus être cousus comme autrefois, n'étant pas formés de cahiers. La solution classique consiste à reconstruire des cahiers par couture à la machine (surjet) de petits paquets de feuilles entre elles. Ce travail est souvent peu apprécié, la couture du papier étant assez malcommode. Une autre méthode où les petits cahiers sont construits par collage de feuilles entre elles sur un bord peut être envisagée, mais le résultat s'avère peu satisfaisant (cahiers trop raides).
Les deux ouvrages présentés ci-après procèdent, à la base, d'une méthode classique: la méthode d'emboîtage avec couture par fils noyés déjà présentée dans ce blog (v. art. "Un tutoriel...", 18/02/2017). Rappelons que cette méthode conduit normalement à des reliures à dos plat, souvent jugées peu élégantes. Camille a proposé il y a peu (v. blog restauration-livres-camille.blogspot.fr, art. du 27/02/2018) une modification de la méthode permettant d'aboutir à un dos rond. Le résultat conduit alors à un aspect proche d'une reliure "à la française", bien que le mode de construction en soit profondément différent. C'est cette méthode qui a été appliquée pour les deux ouvrages présentés ici.
Contes du vieux-vieux temps, d'Henri Pourrat
C'est un ouvrage plein de nostalgie qui nous est offert par Raymond, avec ce petit "folio", format poche broché à couverture souple.
Dans ce livre, Pourrat, grand "raconteur" d'histoires, ne faillit pas à sa réputation terrienne, à ses attaches auvergnates, à ses montagnes et aux hommes de ces pays.

La construction de l'ouvrage est strictement conforme à celle qui a été rappelée ci-dessus; soit, en séquence: "pseudo-grecquage" du bloc-livre, formage du dos sur un cylindre, couture par fils noyés, accrochage des cartons sur les débords de la mousseline, couvrure standard pour finir.
Le dos est pourvu de 4 nerfs à distances irrégulières, de façon à permettre de loger le titre remarquablement long dans le 3ème entre-nerfs .
Les gardes-couleurs, d'un joli papier à chevrons, complètent cet ouvrage charmant
Aux racines du temps, de Stephen Jay Gould
C'est ce même procédé de construction qui est appliqué par Camille pour cet ouvrage du paléontologue américain Gould, pape du Darwinisme, auteur de nombreux ouvrages sur ce thème ("Le pouce du Panda, etc...)
L'ouvrage est un exemplaire moderne à couverture souple publié chez Grasset, initialement broché. Le processus de reliure est donc absolument identique à celui de l'ouvrage précédent.
Au regard du sujet, l'illustration du 1er plat s'imposait, comme une évocation imagée du Big Bang primordial de l'univers. Pour cette image, Camille a recours une fois de plus à la technique de sertissage arrière (la méthode aurélienne), déjà présentée dans ce blog (2ème livre du 2ème art. 16/10/2019).

Le dos, enfin, est agrémenté de deux nerfs obliques qui délimitent une pièce de titre en 3 couleurs.
Les gardes-couleurs sont dans un papier glacé figurant une nébulosité or sur fond bleu, manière de rappeler un ciel primitif prêt à se condenser en une multitude d'étoiles.
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