C'est sous un décor très précieux que Barbara nous présente le célèbre roman d'Alain Fournier: "Le Grand Meaulnes", histoire d'une amitié d'adolescents qui sera par la suite le ciment de deux histoires d'amours croisées malmenés par les accidents de la vie.
L'ouvrage est traité par notre amie dans une pleine peau ocre glacée.
Les mariages (contrariés) tenant une grande part dans le roman, c'est une fleur de robe de mariée qui occupe le centre du premier plat, logée comme un médaillon dans un décaissé ovale de la peau.
Un cadre au profil suranné, tel un miroir d'antan, réalisé en brisures de coquilles d'oeuf collées sur papier or, confirme la touche très romantique de l'ouvrage.
Les gardes-couleurs sont réalisées simplement par un semis de tâches de peinture sur papier qui imite assez bien un papier "à la cuve".
Un tel ouvrage demandait une protection, en l'occurence un coffret, pour lequel Barbara innove avec bonheur. En effet, le modèle classique de coffret pour un livre présente l'inconvénient que l'ouvrage n'est normalement pas visible. Barbara résout le problème en munissant le couvercle d'une vitre, emprisonnée dans l'épaisseur du cartonnage.
Le coffret est par ailleurs entièrement habillé d'un papier marbré, simple mais suffisant.
Des bijoux plus qu'"auréliens"
C'est pour un livre beaucoup moins romantique: "Dorure et décoration des reliures", d'Yves Devaux, que Camille crée un décor précieux comportant au premier plat, un collier porté par un profil féminin, et au deuxième plat, une sorte de talisman rouge et or.
Camille qualifie cet ouvrage de "trois fois aurélien"; d'abord par l'ouvrage lui-même (notre amie Aurélie comprendra), par l'usage de la feuille d'or* (itou), et par la technique utilisée pour la décoration. Cette technique sur laquelle Camille travaille (et espérons le) progresse, depuis 4 ouvrages, a déjà été détaillée dans ce blog sous le nom de "sertissage arrière" ou quelquefois "méthode aurélienne", en hommage à celle qui l'a introduite.
L'ouvrage est construit de manière non-classique en utilisant une couture sans ficelles ni rubans, apparentée au mode de couture copte. De ce fait l'ouvrage peut être ouvert à plat (v. photo ci-dessus), ce qui est un avantage pour un ouvrage didactique.
L'ensemble du décor est composé dans une peau glacée anthracite mise en forme, au premier plat, sur un profil féminin portant un collier de pierres et de perles dorées.
Le profil féminin au premier plat est réalisé par un empilage de cartons que vient recouvrir le cuir de couverture sous une pression à l'émalène.
Les perles d'or sont obtenues par sertissage arrière d'une deuxième peau dorée à la feuille*.
Les cabochons de couleurs vives sont réalisés suivant la méthode Voignier, solidifiés aux bords à l'aide de bériplast.
Au deuxième plat, le
"talisman" utilise à fond la technique "aurélienne", les zones dorées provenant d'une seconde peau collée à l'arrière de la couvrure générale.

Titre et auteur sont rapportés sur le dos dans des logements déterminés par des faux-nerfs de formes ovales pour deux d'entre eux et ronde pour le troisième.
Les éléments du titrage sont dorés au ruban dans des pièces de titre de couleur rappelant le thème des bijoux qui caractérise le décor.
Les gardes-couleurs sont d'un papier à la cuve coloré en nuances de verts et filets dorés qui s'harmonisent avec les plats. Les charnières de peau prolongent naturellement le cuir noir de la couvrure.
* Dans le cas présent, il s'agit de feuille de cuivre et non pas d'or.