Les deux exemples ci-dessous illustrent ce principe, en mettant en œuvre deux matériaux aux qualités antagonistes: la dureté du fer et le velouté d'une doublure de peau.
Sur ce roman d'Emmanuel Roblès "Cela s'appelle l'aurore", histoire d'un médecin partagé entre deux femmes, et dont la vie va basculer suite à un drame familial, Raymond réalise sa première reliure non conventionnelle.
Raymond choisit ainsi d'habiller l'ouvrage avec de la doublure de peau, dont le touché velouté apporte au lecteur un certain agrément.
Une partie importante du travail réside dans la réalisation du titre au dos de l'ouvrage, en lettres relief découpées individuellement dans du carton, puis habillées de cuir sous pression à l'émalène.
Le choix décoratif reste modeste, mais a suffi à notre ami pour appréhender quelques unes des difficultés de la reliure hors-standard: maniement d'un matériau inhabituel (la doublure de peau, en l’occurrence très sensible aux tâches), le modelage à l'émalène, etc...
L'habillage d'un ouvrage sur un thème aussi particulier représentait une espèce de défi, que notre amie a su relever en mélangeant deux techniques dont elle a la pratique: la sculpture du fer et la reliure sur ruban.
Ainsi, à la base, l'ouvrage est monté sur rubans, mais des rubans de peau rouge qui se prolongent sur la couverture, elle-même couverte d'un velours gris en doublure de peau.
La plus grande originalité du travail réside dans le doublage des plats par deux plaques en dentelles de fer réalisées par Christine, par découpage d'une tôle au plasma, au sein d'un atelier de sculpture de proximité.
Les plaques sont maintenues sur les plats par les rubans de cuir décrits plus haut.
La pièce de titre est réalisée en dorure à l'atelier dans la même peau rouge que les rubans.
Une qualité notable de ce travail réside dans l'adéquation entre le choix des matériaux et le thème de l'ouvrage. Le fer évoque ici la dureté du sujet, les wagons de la déportation, etc.. tandis que le rouge nous amène crument au sang des victimes.
Un système de fermeture par cadenas (muni de sa clé) scelle l'ouvrage, comme un ouvrage "maudit" qui ne saurait être confié à un lecteur sans précaution.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire