La reliure, c'est bateau ?
en tout cas, pour Paul, c'est certain: "Les derniers jours de la marine à voiles", "Le dernier voilier dans l'Océan pacifique", "Le calvaire de la mer"; voilà pour le menu.
Alors, prenons le large.
L'ouvrage "Les derniers jours de la marine à voile", de Marcel
Rondeleux, nous fait vivre le périple, de 1887 à 1902, d'un amoureux de
ces voiliers, dont "Le Melpomène", , à bord duquel il abordera la côte
africaine, les Caraïbes, l'Amérique du Sud, etc...
Mais c'est la vie quotidienne sur ces bateaux, avec ses rituels, cette solidarité d'hommes, ce parler très particulier propre aux marins, (exemple: "ordre de carguer partout et brasser carré", signifie, en gros, "repliez les voiles"), qui emplit l'auteur de nostalgie pour cette époque révolue.
Paul traite cet ouvrage dans un demi-chagrin-papier dans les tons bleus comportant en insertion un bateau simplifié (mosaïque bois et cuir) sur fond de ciel bleu. Le papier de couvrure à motif classique, en extérieur et en intérieur s'accorde idéalement avec l'idée d'une mer agitée.
"Le dernier voilier dans l'Océan Pacifique (Souvenirs d'Océanie)", de René de la Bruyère, est moins un récit de mer qu'une relation d'explorateur, à la fin du XIXème.
L'auteur nous livre une description "sans filtre" de ces innombrables iles du Pacifique, de la Calédonie à Tahiti, aux Tonga, aux Marquises et autre Tuamotus, etc... Il y rencontrera le bagne , le cannibalisme, l'extrême pauvreté, mais aussi les Vahinées qui lui feront regretter ce temps où, dit-il "elles ne portaient pas comme aujourd'hui des souliers à talons".
A nouveau, Paul reprend pour cet ouvrage le modèle demi-chagrin-papier puis le thème du bateau bois-cuir sur fond de ciel, suivant le même principe de l'insert dans la couvrure papier. Comme pour le précédent ouvrage, l'encadrement (listel) est obtenu par un relief sous le papier. Le papier de couvrure est un autre motif classique, cette fois pour une mer très-très agitée.
"Le calvaire de la mer", d'André Vabre, ne tient en fait ce titre qu'au tatouage porté par un marin de rencontre ( reproduit sur la page de titre). Il donne cependant la tonalité tristounette de l'ouvrage.
Elysée Portal, catho idéaliste et rêveur, engagé comme marin à bord de "l'Astoria", promène son ennui au long des interminables corvées de quart, des escales aux Amériques, etc...."Ces longs voyages sont une mise au tombeau", dira-t-il. Ne cessant de fustiger la petitesse (morale) de ses compagnons de route, il ne voit de beauté en ce monde que dans les arts (les merveilleuses cathédrales gothiques), et dans le souvenir de cette fille d'auberge, Gabrielle, entrevue à Beaucaire avant son départ...
A nouveau Paul reprend les principes des ouvrages précédents, ce qui fait de l'ensemble une série cohérente. La différence cette fois est justifiée par le sujet lui-même, avec en premier plan une croix de bois, le calvaire du titre, plantée sur un paysage ciel-terre-mer en mosaïque de cuir. L'insert est entouré cette fois d'un listel en lamelle de bois ouvragé, qui le met élégamment en valeur.
Gilbert en positif...
La photo, chez Gilbert, est une passion dévorante qui peut vous mener à faire même... de la reliure.
Mais la reliure selon Gilbert est une spécialité en soi, vu qu'elle porte essentiellement sur des collections de journaux. Dans le cas présent, il faudra 6 reliures identiques pour rassembler 6 années du journal.
On passera sur la phase de couture, de type "copte aménagé", pour passer aussitôt à la couvrure.
Et là, Gilbert innove, grâce, il est vrai, à un outil puissant: la découpe Laser. Des formes géométriques complexes incluant le titre de la revue, inspirées des couvertures originales sont découpées dans du carton par ce procédé .
Ces formes sont utilisées tant pour former des reliefs que pour former des décaissements dans la couvrure en toile. Les titres découpés de la même façon dans une toile de couleur différente viennent finalement se loger dans ces décaissements.
La photo ci contre montre en détails: le titre encastré, le dos complet, la garde couleur bleue et le montage choisi par Gilbert à dos carré et faux-dos arrondi.
La méthode est très bien adaptée à son objectif qui exige une rigueur et une qualité d'exécution et de reproduction difficiles à atteindre de manière purement manuelle.
Au final, l'ensemble est très élégant et fort acceptable dans une bibliothèque