Edmond monte au filet
Le domaine enchanté, d'Elizabeth Goudge
Le
filet dont il est fait allusion dans le titre est celui que l'on pratique en
"dorure", avec l'instrument que l'on appelle "palette". On verra l'usage
qu'Edmond en a fait, mais un mot d'abord sur l'ouvrage ainsi traité."Le
domaine enchanté" est un ouvrage d'Elizabeth Goudge, romancière
anglaise de l'entre-deux guerres, auteure d'une trentaine de romans. Le
présent ouvrage est le premier d'une trilogie centrée autour d'une
famille britannique de tradition stricte. Le personnage central,
Lucille, impérieuse grand-mère, devra faire un retour sur son propre
passé pour tenter de comprendre l'amour impossible de son petit-fils
adoré pour une femme qu'elle n'aime pas.
Dans
un plein chagrin bordeaux, Edmond tente une aventure hautement
périlleuse de décoration à l'or, basée sur une composition géométrique
de filets dorés. Pour les non-doreurs, il faut savoir que les filets
sont tout simplement des lignes droites, que l'on réalise à l'aide de
fers droits appelés palettes, de longueurs variées. Contrairement
aux apparences, l'exercice comporte de redoutables difficultés:
positionner précisément les palettes, prolonger les filets au delà des
fers, gérer les jonctions.. autant d'embûches sur le chemin de la
réussite
Edmond utilise ce motif losangé pour loger à l'intérieur des cellules de petits macarons de cuir bleu.
Sur le dos à 5 nerfs, Edmond place le titre et au centre, à l'or, un fleuron intéressant.
Au delà des pages de garde,très classiques, mais qui ont le mérite d'être assorties à
l'ouvrage, on appréciera les tranchefiles originales, constituées de
bandes de cuir rouge/jaune alternées qui retrouvent parfaitement la chromatique rouge
et or de la couvrure.
Au bilan, Edmond a placé la barre très haut, et s'en sort très honorablement. Outre la hauteur de l'enjeu sur le plan technique, un retiendra le motif
choisi pour les plats, qui est est tout à fait dans l'esprit de la reliure
traditionnelle, laquelle consistait
davantage à dompter le duo cuir/or, que de le charger de pièces
rapportées, comme on le fait très (trop) souvent.
Claude rejoint le blog
Claude est une ancienne de l'atelier des Lieurs, que l'on ne confondra pas avec cet autre Claude de l'atelier qui a souvent fait les honneurs de ce blog. Pour éviter les confusions, nous parlerons de Claude V. pour la présente, et Claude B. pour le précédent.
N'ayant pas d'ordinateur, Claude V. ne se manifestait pas dans ce blog, malgré une production importante en reliure au sein de l'atelier. On l'a vue tantôt relier toute la collection d'Alphonse Daudet, certainement son auteur de chevet; on pourrait dire son compatriote, étant elle-même "Champrosoise"* (ne pas dire "draveilloise"; pas de confusion s'il vous plait) et que ce dernier fut en son temps un "Champrosois" d'adoption.
C'est un petit ouvrage charmant que Claude a bien voulu accepter de confier à notre blog. "Mon premier alphabet", en fait un abécédaire, faisant partie d'une collection d'éducation enfantine qui comprend une dizaine de titres.
Demi-chagrin noir et papier reliure prolongé en pages de garde. La
réalisation est sans prétention mais respecte les critères de soin de la
reliure.
Merci Claude ! Tu peux revenir plus souvent sur le blog , personne ne s'en plaindra
* Un Champrosois est un habitant de Champrosay, aujourd'hui rattaché à la ville de Draveil.
Gilbert est de la revue* (à nouveau !)
Notre ami Gilbert
poursuit l'assemblage de ses revues de photo sous la forme de
livres. En l’occurrence il s'agit ici d'un journal intitulé "Olympus
Magazine", pour lequel Gilbert prévoit 7 volumes, dont celui-ci est le
premier.
Relier des journaux, voilà une excellente utilisation de
l'activité reliure. Plusieurs d'entre nous l'ont pratiquée ou la
pratiquent encore, trop souvent sans le faire valoir. Notre ami Georges a
ainsi relié, en un temps, sa collection de "Charlie-Hebdo", puis ses
"Journal de Mickey", pendant que Camille reliait ses 28 volumes du "Le
petit journal" et 24 du "Le petit Parisien"
Certes, on est là dans la reliure
utilitaire, qui a peu
de prétention artistique, ce qui n'exclut pas un
travail propre et soigné, avec au besoin une petite touche de fantaisie.
Gilbert l'a bien compris, n'hésitant pas à faire des essais techniques préalables, à tirer parti de ses erreurs, et au besoin à repartir de zéro en cas d'échec. On ne saurait que l'encourager dans ce sens.
* Etre de la revue, expression populaire signifiant "Être déçu, frustré, mécontent"., mais détournée ici uniquement en référence au travail de reliure de revues de Gilbert. Pour la petite histoire, l'expression remonterait au XIXe siècle. Elle trouve son origine dans un
contexte militaire. En effet, les soldats attendaient impatiemment leur
permission pour aller retrouver leur famille. Mais il arrivait qu ils
soient appelés pour une cérémonie ou un autre évènement (ils étaient de
revue) qui les empêchait de rentrer chez eux. (Ref. https://www.linternaute.fr/expression/langue-francaise)