De la reliure de plus en plus timbrée...
Christine nous propose aujourd'hui ce petit ouvrage en forme d'une lettre (timbrée) : "Le poète" de Reiner Maria Rilke. Dans ce livre, Rilke, poète autrichien de fin XIXème-début XXéme, tente d’expliquer à un autre et jeune poète, sa démarche personnelle dans son travail de création.De son point de vue, le poète ne devrait en rien poursuivre un objectif, ni se soucier de plaire, ni même d’être lu : « s’il ne peut y avoir rien de commun entre les hommes et vous, essayez de vous approcher des choses ».
Pour le poète, le moteur de la création serait alors de libérer sa propre sensibilité aux moindres détails de la vie, et de la laisser s'exprimer: « ..des évènements insignifiants…,ils font signe et le vers les enjambe et les continue dans l’éternel ».
Pour ce qui est de la reliure, Christine nous étonne une fois de plus par son approche créative, inventive et originale qui est sa marque de fabrique. Ainsi, l'ouvrage de Rilke prend ici la forme d’une lettre, qui s’ouvre et se referme comme il en serait d'une vraie.
L'enveloppe est réalisée séparément du texte dans un cuir bordeaux, suivant la forme rectangulaire d'une lettre, avec son échancrure et son rabat. Le corps du texte est alors assemblé à l'intérieur de cette enveloppe par simple emboitage.
L'ouverture de l'enveloppe fait apparaitre à l'intérieur un papier flamboyant formant "page de garde", réalisé par notre amie suivant la technique du papier à la colle. Un système original de fermeture à base d’œillets permet de maintenir l'enveloppe fermée.
Les titres réalisés par Christine à l'oeser sont astucieusement disposés, clin d'oeil à un courrier véritable, où le destinataire est inscrit en face avant, l'envoyeur étant rappelé au sommet de la face arrière; cela sans oublier le timbre collé au coin supérieur droit.
Ne boudons pas notre plaisir, ce travail est une belle réussite, et une vraie reliure de création. Bravo !
Le Paris des potins
Claude nous propose ce livre édité en 1933, "La vie parisienne sous le Second Empire", sous la plume de H. D'Alméras, ouvrage que l’on pourrait classer dans la genre « histoire anecdotique », au même titre que les oeuvres du Docteur Cabanès avant lui, et de bien d’autres jusqu’à nos jours.
On y rencontre, outre une évocation sans complaisance de l’Empereur et l’Impératrice, pêle-mêle une foule de diversions sous tous les aspects de la vie parisienne de l’époque: la mode, les grands magasins (tel celui qui affiche "Confection d'enfants au plus juste prix" !), la Cour, les bonimenteurs des boulevards (Salamandrius, l’homme réputé incombustible jusqu’’à….l'accident !!), les mondaines et demi-mondaines, la mode du spiritisme, les restaurants, cafés, théâtres, et tout ce qui peut paraître « rigolboche » (néologisme né d’une publication de l’époque : « les mémoires de Rigolboche »), autant de faits divers aussi anecdotiques qu’insignifiants.
Claude habille ce volume léger d’une demi toile et papier avec coins, évidemment dans les tons roses comme il convient pour cet ouvrage badin. Un encart ovale y est ménagé pour y loger une image féminine qui pourrait être une femme du monde, ou aussi bien une « cocodette » (qui, selon l’auteur n’est pas une "grisette" ni une "merveilleuse" mais est à la cocotte, ce que l’amateur est au professionnel » ).
De curieuses tranchefiles originales, roulées dans la toile de couvrure, un titrage au dos réalisé par le relieur, complètent cette reliure coquette d’un livre léger comme une sucrerie de fête foraine.
L'Océan gagne toujours...
C'est un ouvrage classique que nous propose Claude: "Pêcheur d'Islande", de Pierre Loti, ouvrage "iconique" des amoureux de la mer. Le récit est celui de Yann, jeune homme engagé au début comme matelot sur le morutier de Paimpol « La Marie".
« … un de ces jours, je ferai mes noces…mais ce sera avec la mer ».
Hélas, quelques saisons plus tard, à bord de « La
Léopoldine », ce terrible présage trouvera malheureusement un écho:
« Une nuit d’Aout, là bas… au milieu d’un grand bruit de fureur, avaient été célébrées ses noces avec la mer ». Telle sera la phrase qui refermera le récit.
Entre temps, Yann aura connu la vie de la Bretagne (les « pardons »), celle des marins surtout, le mariage
et la femme que l’on laisse au p
ort, mais aussi l’omniprésence de la mer, qui
est aussi celle de la mort (Sylvestre, son ami, et tant d’autres), …
Le décor, réalisé en mosaïque de cuir sur le fond jaune, évoque la mer, les bateaux avec leurs forêts de mats et de cordages, image reprise en simplifié d'une des gravures intérieures de l'ouvrage.
Sur la première de couverture, les éléments de titre réalisés en lettres de cuir noir (découpe Laser) sont logés dans des décaissements spéciaux qui les préservent des manipulations. Des pièces de titre de même couleur au dos reprennent le titrage complet, grâce à un travail de dorure parfaitement réalisé par notre ami.