Marie-Laure passe un cap…
…certainement un cap dans sa vie de relieu(r)(se), un cap, enfin LE C.A.P., CERTIFICAT D’APTITUDE PROFESSIONNELLE * ; oui, vous avez bien lu, un lieur de Sénart a le C.A.P. ; quelle promotion pour notre atelier !!
Dans C.A.P., tous les mots pèsent lourd.CERTIFICAT ; donc c’est du sérieux ! garanti par l’état ! Aucune contestation possible...
APTITUDE ; donc elle est apte, apte à relier, sans rater une coiffe, sans faux pli dans les mors….on rêve !
PROFESSIONNELLE ; donc prête à ouvrir son atelier : «Au livre enchanté », « Le cousoir magique»… à quand l’ouverture ?
Ouaouh ! les Lieurs de Sénart vont se sentir tout petits !
Enfin, certains l’ont rencontrée depuis ; sa tête n’avait pas enflé, ses chevilles non plus. Ils ne nous l’ont pas abimée. Ouf ! Tout va bien !
* Et avec mention s’il vous plait. Assez bien, pour nous, c’est déjà très bien.
P.S. Elle obtient aussi le 1er prix de la 2ème année aux ateliers de reliure du Vésinet. Coup double. Où s’arrêtera-t-elle ?
« Le
médecin malgré lui » et "le médecin volant"
« Le médecin volant » est une œuvre antérieure, mais qui en contient certains prémisses. On y retrouve le rôle du père, Gorgibus, qui veut forcer sa fille à un mariage qui ne lui plait pas, et Sganarelle, à nouveau faux médecin, instrument d’un stratagème visant à convaincre Gorgibus de céder. Entre autres péripéties, Sganarelle doit faire croire à l’existence d’un double jumeau, et donc « voler », via une fenêtre, pour changer d’apparence en un clin d’œil.
Ces deux pièces regroupées en un seul volume, illustrées d’une manière faussement brouillonne par Mario Fo, sont traitées par Christine d’une manière inventive et brillante.
Le premier plat se déplie en lever de rideau, et combine de nombreux savoir-faire (acquis et perfectionnés au cours du temps ; voir les ouvrages antérieurs de Christine dans ce blog): titre doré au crayon thermique (pas si facile à manier, ndlr), nom de l’illustrateur en relief et dans deux médaillons sophistiqués, rideau plissé articulé sur le plat; tout cela représente un travail complexe et requérant certainement une mise au point délicate et de multiples essais. Le reste est plus simple mais ne dépare pas l’ouvrage. La double épaisseur du premier plat est reprise au deuxième plat pour une cohérence d’ensemble ; les gardes-couleurs reprennent le rouge feutré du rideau, ou peut-être aussi celui des fauteuils du théâtre.
On est bien dans la reliure de création, qui autorise tout, à condition que ce soit (beau, bien sûr) mais surtout techniquement maîtrisé.
"Les souffrances du jeune Werther"
C’est encore un titre célèbre de la littérature que nous propose Christine : « Werther », de Goethe, plus connu sous le titre « Les souffrances du jeune Werther » (1775).
Werther est
épris de Charlotte, mais Charlotte est déjà fiancée. Ah, le pauvre homme,
condamné à tourner et retourner le problème en tous sens sans trouver d’autre
solution…que la mort. Aujourd’hui, l’outrance du style (ndlr) fait qu’on peut avoir du
mal à compatir à ces longs questionnements intérieurs, mais il faut replacer le
roman dans le cadre de l’histoire de la littérature, et en particulier du
romantisme allemand, précurseur d’un style qui conduira chez nous à Lamartine, Hugo,etc...
Christine présente ce roman dans un demi cuir noir prolongé de gris (ça allait de soi) ; noir comme les pensées de Werther, gris comme son univers.
Le plus curieux est sans doute dans ces arabesques en relief,
torturées comme l’âme du personnage, ou comme des points d'interrogation qui nous disent les questionnements du personnage.
Les gardes-couleurs orange remettent un peu de soleil dans cette grisaille. Entre autres "fantaisies", on notera le titre en lettres relief rapporté sur la première garde volante, ce qui évite de les arracher dans la manipulation du livre.