Rien n'arrêtera les Lieurs vraiment "mordus". Privés d'atelier pour cause de pandémie, il en est qui s'obstinent à travailler, chez eux, avec les outils qu'ils ont, et s'ils n'en ont pas... ils se débrouillent !
C'est héroïque, mais cela n'empêche pas des travaux sophistiqués, voire même de qualité... le lecteur en jugera.
Cet article sera consacré à la création de "reliefs" pour l'élaboration de décor en couverture.
Edmond fait du relief en dentelles
Un bel exercice sur le thème du relief nous est proposé par Edmond, avec cet ouvrage: "Le chemin des chats", d'Hermann Sudermann, peinture dramatique de l'Allemagne orientale au début du XIXème, que notre ami traite dans une pleine peau marron agrémentée de deux fenêtres carrées ouvrant sur des paysages romantiques dans l'esprit de l'ouvrage.
L'ouvrage trouve pleinement sa place dans cet article par les frises foisonnantes de reliefs en creux qui entourent les deux fenêtres, comme une dentelle. On remarquera que les motifs sont copiés sur ceux de la page titre (ci-dessus à gauche). Les reliefs sont obtenus par découpage des motifs dans une carte collée sur les plats, puis pose de la peau par pression sous émalène. Le travail de découpe a certainement du être considérable, mais le résultat en valait la peine.
A l'intérieur, les plats sont articulés sur charnières de cuir, les contre-plats étant également habillés d'une fine peau de couleur verte. Edmond tient à personnaliser totalement son travail; le titrage de dos est réalisé par lui même, à la feuille d'or; les gardes couleurs sont de sa fabrication.
Camille prend ses idées...chez ses petits enfants
Camille s'est proposé un objectif plus ambitieux, en prolongement d'essais antérieurs (v. "Les décors en relief", 7 Juin 2018) pour la création de véritables reliefs en volume, comme de petites sculptures. Évidemment, pour respecter la maniabilité de l'ouvrage, ces reliefs doivent rester peu profonds, et devraient être qualifiés de "bas-reliefs".
Dans ces essais préliminaires, le matériau de modelage était encore le carton (en fait de la carte empilée sur 4 ou 5 couches), sculpté au scalpel. Finalement, le travail de modelage s'avérait assez pénible, et il semblait difficile d'espérer de la finesse dans les détails. Il fallait donc trouver un matériau mieux adapté.
De fait, il en existe un certain nombre, bien connus des modélistes (plastiline, etc...). Et c'est sur le conseil de sa petite fille (on n'écoute jamais assez les enfants), que Camille a trouvé la solution; la pâte FIMO, matériau commercial très populaire chez les enfants, peu onéreuse, pratique, durable... s'est avérée être un matériau idéal. Semblable à de la pâte à modeler, la pâte se travaille à la main, à l'aide d'outils de modelage simples: couteaux, poinçons, spatules... Le modèle est ensuite cuit au four à 110 degrés pendant une trentaine de minutes. Le matériau ne subit pas de variation dimensionnelle à la cuisson. La pièce obtenue est solide, légèrement élastique, et peut encore être travaillée au couteau et poncée. Le collage d'une peau sur le modèle, à la colle plastique de reliure sous émalène, est efficace pour autant que la pression soit maintenue un temps suffisamment long (une journée).
La précision de la sculpture n'est limitée que par la finesse de la peau de couvrure, laquelle a tendance à absorber les détails.On devra en tenir compte lors du façonnage.
On trouvera ci-dessous deux essais développés sur cette base.
L'ouvrage ci-contre à droite "Mythologie pittoresque", de J. Odolant-Desnos, est couvert d'une basane lisse de couleur fauve. La figurine au centre du premier plat (la déesse Athéna) est réalisée en pâte FIMO recouverte d'une peau très fine (moins de 2/10), d'agneau glacé. La figurine est posée sur un fond doré à l'or fin bordé d'un bourrelet de cuir formant cadre en relief.
Le médaillon vert sur la gauche montre la sculpture brute en pâte polymère avant couvrure